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est admise par Ebbinghaus lui-même, quoiqu’il soit l’adversaire du « volontarisme la volonté est intimement liée à toute la nature de la vie consciente, s’il est vrai que cette nature se manifeste par une action synthétique, une synthèse qui se fait entrevoir dans toute perception, toute mémoire, tout acte de penser et tout sentiment, aussi bien que dans tout vouloir. Si la volonté est l’expression la plus nette de la synthèse, et si, d’autre part, la synthèse est une activité, une fonction, on est même autorisé à dire que la conscience dans son essence est un vouloir. C’est sur ce point de vue que j’ai fondé ma psychologie. J’ai tâché de démontrer que la perception, la pensée et le sentiment ne s’expliquent pas sans cet élément d’activité original et continu, de sorte que toute psychologie — même si l’on suit dans l’exposition la tripartition ordinaire — n’est en réalité qu’une psychologie de la volonté. A chaque point de la psychologie, de la connaissance et du sentiment nous revenons à une action fondamentale et à un besoin fondamental comme à une supposition dernière. La conception de la volonté implique en particulier que cette action compréhensive va toujours (dès son premier commencement qui ne fait qu’un avec le commencement de là vie consciente individuelle) dans une direction déterminée, la nature et l’étendue de la synthèse étant déterminées par un seul élément autour duquel la concentration a lieu. La conception de la volonté exprime plutôt le côté réel de la vie consciente ; la conception de la synthèse caractérise plutôt son côté formel.

Nous trouvons une analogie — peut-être plus qu’une analogie — dans le fait que déjà du point de vue physique les directions de mouvement dans la nature sont aussi primaires que les forces et les atomes supposés par nous. En aucun point de l’évolution naturelle nous n’avons le droit de supposer un chaos qui soit en repos absolu. Il faut toujours supposer certaines directions dans lesquelles les forces agissent et les atomes se meuvent, et ces directions ne peuvent se déduire des atomes seuls. Dans tout état donné ou supposé les atomes se meuvent dans des directions déterminées et avec une vitesse déterminée, voilà le moment historique dans la nature reconnu de plus en plus par la science depuis Kant et Laplace. Et les qualités mêmes que la science prête à l’atome particulier, nous les tirons de l’ensemble où est placé l’atome et de la manière dont il est supposé intervenir dans cet ensemble.

De quelque façon qu’on imagine le rapport entre la conscience