matiquement. Il est remarquable qu’un courant de sympathie paraît s’établir en Italie vers la pensée de J.-M Guyau ; les Vers d’un philosophe sont fréquemment cités dans l’article de P. Gatti sur la philosophie du langage. — A. Baratano, La pensée comme activité esthétique, Introduction à la Critique du Jugement. Cette étude s’annonce comme une très fine analyse de la position de Kant dans la Critique du Jugement, position définie par Kant lui-même dans sa Préface, mais très obscurément, ainsi qu’il l’a avoué. Ces quelques pages, dit A. Baratano, « sont aujourd’hui, comme déjà elles l’ont été pour quelques-uns des romantiques, le passage le plus intéressant de toute l’œuvre de Kant. »
Rivista di Filosofia neo-scolastica (Mars 1926-mars 1927). — Principaux articles : A. Gemelli, L’enseignement de la Philosophie dans les Universités italiennes : présente les conditions de fait de cet enseignement, avec plus de détails sur les Universités libres (Mars-juin). — E. Bignami, La Catarsis tragique dans Aristote (Mars-juin, juil.-août, sept.-déc.), étude détaillée du célèbre passage de la Poétique, que l’auteur trouve plus riche de sens qu’aucun des nombreux commentateurs qui s’y sont attachés ne l’a su voir. Il faut donc les accorder en acceptant (avec certaines corrections) toutes les interprétations. Le mérite principal d’Aristote est d’avoir fait résider le plaisir esthétique supérieur dans une activité intellectuelle. — F. Olgiati, Religion et Éducation (Juil.-août) : éloge assez déclamatoire du retour au latin, où l’auteur voit un instrument : 1o d’exaltation nationaliste ; 2o de propagande catholique. — F. Olgiati, Le mouvement philosophique néo-scolastique et la pensée contemporaine anglo-américaine. Un jeune philosophe catholique des États-Unis, J.-S. Zibura, frappé du fait que la philosophie néo-scolastique et les autres courants de pensée philosophique ne se raccordent pas dans les pays de langue anglaise et particulièrement aux États-Unis, tandis qu’ils le font de plus en plus en Europe, a adressé un questionnaire à un grand nombre de philosophes anglais et américains. La majorité des réponses sont négatives : les philosophes ne connaissent que très vaguement et imparfaitement la Scolastique ancienne et moderne ; plusieurs ajoutent : nous avons tort. Quelques-uns souhaitent que la philosophie scolastique se fasse moins rigide, moins formelle et ne se contente plus de réfuter les doctrines différentes en les condamnant comme hérétiques (sept.-déc. 1926). — G. Bontadini, La critique négative de l’immanence (id.). — A. Bros, Le sociologisme de Durkheim et la religion : I. Le système sociologique : II. Critique du système (id.). L’exposé est correct ; les critiques sont : information trop restreinte, débordée par le système ; idée préconçue ; ignorance de ce que le fait religieux a d’essentiel (aussi complète que chez Reinach). — Le reproche adressé à M. Durkheim de ne connaître la religion que comme un fait, non comme une valeur, est assez surprenant. — M. Cordovani, La Philosophie de la Mort dans l’Idéalisme de Gentile. M. Cordovani juge peu satisfaisante « l’immortalité hors du temps et par la pensée » de l’Idéalisme. — Mais la critique devient une critique de toute la philosophie de Gentile, de l’identification du fait et du droit, de l’apologie de la guerre (curieuses citations) et de la violence ; de l’absorption de toute réalité dans l’Esprit.
La Critica (Riv. di letteratura, storia e filosophia,
1926, 2e semestre ; juillet, septembre,
novembre : études (continuées) de
B. Croce sur la pensée italienne au XVIIe siècle
(juil.-sept.), de G. Citana sur
la poésie italienne de Parini à Leopardi
(juil.), de G. Brognolio, sur la culture italienne dans la deuxième moitié du XIXe siècle, Vénétie (sept.-nov., fin), — de
C.-D. d’Accadia, sur le beau dans la nature, de A. Tari
(sept-nov., fin). — Le numéro
de nov. 1926 contient l’adresse envoyée
par B. Croce au VIe Congrès international
de Philosophie tenu en Amérique.
B. Croce constate la décadence de la
philosophie qui se donne pour systématique
et définitive, et, généralement, de la
métaphysique. L’esprit moderne est en
lutte avec de telles constructions. La philosophie
se nourrit de l’expérience ; cette
expérience, c’est l’histoire même de l’humanité.
La philosophie est la méthodologie
de l’historiographie M. B. Croce s’efforce
de démontrer que cette conception de la
philosophie n’est pas en confit avec les
sciences de la nature, ni avec la religion.
— Dans le même numéro débute une
étude de B. Croce sur des Problèmes de l’histoire de la culture italienne. La culture espagnole dans l’Italie du XVIIe siècle,
et la Littérature dialectale réfléchie, son
origine au xviie siècle et son rôle historique
y sont étudiés.