intentions de l’auteur. Son point de départ est l’idéalisme transcendantal, mais il veut suivre, plus avant qu’on ne l’a fait avant lui, la voie ouverte par Kant et croit que, par la critique de ce qu’il appelle le « donné », il est possible de parvenir à un « réalisme transcendant », c’est-à dire à la « connaissance des réalités ». M. Beggerow distingue trois ordres de réalité, lesquels soutiennent entre eux, bien entendu, des rapports qu’il cherche à déterminer. En premier lieu, une réalité « morphique » qui correspond au monde tel qu’il est connu empiriquement par l’usage que nous faisons de nos sens ; en second lieu une réalité « hylique » correspondant au monde tel que le conçoit la physique mathématique, et, enfin, une réalité « psychique », la vie de l’esprit sous ses différents aspects. La première réalité et la troisième sont, non dans leur être, sans doute, mais dans leur paraître, objets d’expérience directe (Schlichte Erfahrung), la deuxième, objet d’expérience réfléchie. Il y a bien, comme on le croyait, une limite à la connaissance proprement dite, mais cette limite n’est pas infranchissable. La raison avec ses catégories et ses principes ne se contente pas d’intervenir activement dans la connaissance du monde de l’expérience possible. Elle peut, s’appuyant sur le « postulat de la totalité », qui lui est essentiel, s’élever, à l’aide du sentiment pur (esthétique, moral, religieux), jusqu’à la réalité absolue, en acquérir une expérience « acosmistique ».
On voit par ces trop brèves indications que M. Beggerow a de hautes ambitions. Nous devons ajouter qu’il a beaucoup de savoir, que son livre, avec ses « intermèdes » et les nombreuses citations de Gœthe, de Hölderlin, où se complaît l’auteur, est d’une lecture assez facile et agréable, qu’enfin la façon dont il présente ses idées a quelque chose d’attrayant dans son audace un peu ingénue.
Begriff und Beziehung, par Wilhelm Burkamp. 1 vol. in-8o, xvi-306 p., Leipzig, F. Meiner, 1927, — Le problème que l’auteur de cet ouvrage cherche à résoudre pourrait, ce nous semble, se poser à peu près en ces termes : une fois reconnue l’insuffisance de la vieille logique de l’école et la nécessité d’introduire, aussi bien dans l’étude du concept que dans celle des relations, une précision et une rigueur plus grandes, ce qui justifie la création de la logistique, il reste à déterminer les limites de cette science nouvelle. Il y a lieu, surtout, d’étudier à fond les rapports qu’elle soutient avec la mathématique. Les logiciens allemands ne l’ont pas fait parce qu’ils n’ont pas su reconnaître à l’origine l’importance de la logistique. Les auteurs français, italiens, anglais (M. Burkamp nomme Couturat, Peano et Bertrand Russell) ne l’ont fait que d’une façon insuffisante. M. Burkamp corrige sur certains points et complète leurs travaux et, si contestables que nous paraissent quelques-unes de ses idées, son ouvrage est certainement une importante et utile contribution au développement de la logique.
Der Begriff der Intuition, par König Josef. 1 vol. in-8o, vii-420 p. Halle, Niemeyer, 1926. — L’auteur de cet ouvrage se propose de donner de l’intuition une définition philosophique. Or, pour qu’une définition ait ce caractère, il faut, ne manque-t-il pas d’ajouter, qu’on ait au préalable de la philosophie elle-même, de son objet, de sa méthode une idée bien déterminée. Ce n’est donc pas un problème spécial que prétend résoudre M. König. Il nous donne une théorie de la connaissance tant discursive qu’intuitive et cherche à faire de cette théorie une application à l’objet de la métaphysique. Il traite en réalité des rapports de l’être et de la pensée ou, comme il le dit dans la troisième partie de son livre, de l’existence et de l’idée.
Auparavant il a, dans une première partie, analysé la théorie kantienne ou criticiste de la connaissance, puis, dans une deuxième, les théories qu’il appelle spéculatives : celles qui admettent l’immanence dans la pensée individuelle d’un objet qui la dépasse infiniment.
Il faut louer l’ardeur avec laquelle M. König s’attaque aux plus hauts problèmes, admirer l’étendue de son information, reconnaître enfin sa vigueur d’esprit. Que ne joint-il à ces qualités le don de la clarté ! Nous ne connaissons guère d’ouvrage plus obscur et d’une lecture plus difficile que le sien.
Handbuch der Logik, par N.-O. Losskij. 1 vol. in-8o, viii-447 p. Leipzig. Teubner, 1927. — Ce manuel de logique, écrit en russe par l’auteur, qui appartenait à l’Université de Petrograd avant la révolution, a été traduit en allemand par M. Sesemann. L’originalité de l’ouvrage consiste en ce qu’il repose sur une théorie de la connaissance que l’auteur qualifie lui-même d’intuitiviste, et sur une sorte d’empirisme idéaliste. Ces objets de connaissance, quels qu’ils soient, sont toujours objets d’expérience et perçus immédiatement. Mais l’expérience telle que la conçoit l’auteur, est