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de M. Ernout, après l’avoir critiquée. C’est donc un instrument de travail de premier ordre et dont on ne pourra plus se passer.

Pédagogie de guerre, pages recueillies par Raymond Thamin, recteur de l’Académie de Bordeaux, 1 vol. in-18, de VII-178 pages. Paris, Hachette. 1920. — Plutôt qu’un livre de doctrine, c’est, comme le dit l’auteur en sa préface, « l’histoire morale, pendant les années de guerre, d’un coin de la France universitaire, plus précisément de l’Académie de Bordeaux ». Lettre du recteur aux professeurs et instituteurs mobilisés ; réponses de quelques combattants ; circulaires aux écoles ; discours adressés aux élèves des lycées, aux étudiants serbes et américains ; pages écrites par des candidates à l’école de Fontenay sur l’idée de sacrifice. Tout cela nous aide et surtout aidera la génération prochaine à comprendre ce que fut l’esprit de cette guerre en des âmes soucieuses de le dominer par la réflexion. « L’accomplissement de notre devoir actuel, écrit un instituteur combattant, dépasse en portée et notre personne, et notre temps et même notre pays. » De son côté, l’auteur se fait un devoir de mener, par la plume et la parole, « une guerre de conscience, une guerre d’idées ». Et c’est assez dire que l’article sur le Devoir de l’École ne peut se passer d’une mise au point pour convenir aux temps de paix. Mais nulle part le patriotisme n’y prend un accent d’aveugle passion. Le précepte : « nous souvenir non seulement de nous, mais de notre ennemi » s’accompagne (en 1916) du refus d’enseigner la haine : « Nous ne ferons point appel aux mauvais instincts, au désir de rendre le mal pour le mal… Nous n’admettrons pas qu’il n’y ait en histoire ni bien ni mal, ce qui conduit à préparer le culte du succès et de la force. »

Manuel de morale, par Mlle J.-F. Renauld, professeur au lycée de Jeunes Filles de Tunis, 1 vol. in-18 de II-176 pages, Paris, Alcan, 1920. — En collaboration avec Mlle Maire, le même auteur avait fait une tentative intéressante pour enseigner aux jeunes filles la psychologie par les textes. Le Manuel de morale montre la même variété de culture et de lectures et le même souci de préserver les élèves de toute étroitesse de vues, en les faisant profiter des recherches les plus récentes.

L’auteur fait bien ressortir la complexité de la vie intérieure et de la vie sociale. Pour la morale théorique, Mlle Renauld a cru pouvoir abréger aux élèves la route qu’elle avait elle-même parcourue en des années de réflexion.

En résumé ce livre, qui a de sérieuses qualités, joint à un Précis raisonné tel que celui de M. Lalande, pourra guider les réflexions du maître et les lectures de l’élève.

J.-J. Gourd (1850-1909), par Louis Trial, pasteur de l’Église réformée de Nimes. Un vol. in-8o de 416 p., Nimes, Lavagne, et Paris, Fischbacher, 1920. — M. Trial, qui a été l’ami de Renouvier et celui de J.-J. Gourd, consacre à la vie et à l’œuvre de celui-ci un bel ouvrage, que liront avec intérêt tous ceux qui se souviennent des articles donnés à cette Revue même par l’éminent professeur de l’Université de Genève, et des livres d’inspiration si haute dans lesquels il a développé sa pensée. Une première partie est biographique elle est ornée de deux beaux portraits de J.-J. Gourd, l’un tel que nous l’avons connu il y a une quinzaine d’années, l’autre dans sa jeunesse, la figure rayonnante de vie et de spiritualité. La seconde partie expose sous une forme précise et systématique la doctrine du philosophe, un peu dispersée dans ses diverses publications. Cet exposé, appuyé sur une solide et large documentation, est en même temps un commentaire, qui utilise et les critiques et les conversations de l’auteur, que M. Trial a eu l’avantage de connaître de la manière la plus familière. L’ouvrage se termine par des vues élevées sur le rôle que peut jouer la philosophie de J.-J. Gourd dans la religion contemporaine et en particulier sur le renouveau de vie spirituelle qu’elle pourrait communiquer aux Églises protestantes. Une bibliographie très complète termine le volume.

Introduzione allo studio delle Opere di Benedetto Croce, par Giovanni Castellano, 1 vol. in-8 de VI-303, Bari, Laterza, 1920 (avec un portrait). — Ce volume présente d’abord une bibliographie des écrits de Croce, avec un index chronologique, et la liste des traductions en langues étrangères. Dans une deuxième partie, des indications sur la littérature critique qui s’est formée autour des œuvres de Croce. La troisième partie rassemble sous des rubriques spéciales des extraits parfois étendus, des essais et des polémiques qu’a suscités l’œuvre de Croce. Parmi les plus considérables, on peut relever les extraits qui ont rapport à la critique de l’esthétique (pp. 94-109) ; à la religion (pp.