mesures, les erreurs fortuites par définition, sont négligeables devant les autres.
Une erreur systématique pour une expérience prise isolément peut devenir accidentelle par rapport à une série d’expériences : c’est la base même de la définition de l’erreur fortuite. Soit, comme exemple, un problème expérimental dont la solution dépende du poids de plusieurs corps ; une variation de température, je suppose, modifie le poids du premier et par conséquent produit une erreur systématique ; une variation d’humidité introduit une erreur systématique dans le poids du second, etc… Ces erreurs seront dites accidentelles ou systématiques par rapport au résultat final, qui est le poids de l’ensemble, suivant le nombre des corps ou la valeur relative des erreurs. Voilà le dogme.
« Comment ! dit le lecteur effaré. Les erreurs systématiques dont les causes sont connues ou peuvent l’être ne doivent pas obéir à cette loi des erreurs qui régit le hasard. En y mettant du soin, on peut en déterminer la valeur numérique ce sont des corrections à faire. Et voici qu’en nombre essentiellement fini, ces erreurs peuvent devenir fortuites ! Il est pourtant manifeste que si le poids de tous les corps est influencé par l’état hygrométrique, le physicien qui ne mesure pas cet état ignore son métier ; si la température agit sur tous les poids, nous concluons de même. Cependant on veut nous persuader que si les deux causes, associées même à d’autres en nombre essentiellement fini, agissent simultanément, une loi des erreurs fortuites va compenser leurs effets ! Ce n’est pas sérieux. » « Mais si, répond le mathématicien ; seulement pour que les effets obéissent à la loi des erreurs fortuites, les causes y doivent obéir. » On nous fait sortir d’un cercle vicieux pour nous transporter dans un autre ; nous maintenons, nous aussi, que ce n’est pas sérieux.
Les soi-disant erreurs proviennent de trois causes l’observateur, l’appareil ou la technique, le phénomène. Nous avons déjà dit que les erreurs systématiques sont de beaucoup les plus importantes, ce qui rend la théorie inutile en fait ; pour les erreurs systématiques, le mot erreur est un non-sens, parce qu’il implique qu’on se trompe dans la mesure, alors qu’il y a écart entre les propriétés qu’on prête aux sens de l’observateur et leurs propriétés réelles, écart entre les propriétés de l’appareil d’observation et celles qu’on lui suppose par définition, écart entre le phénomène que l’on mesure et celui qu’on voudrait mesurer.