quer la lumière par des mouvements ondulatoires ; mais pourtant la démonstration qu’il a donnée de la loi des sinus a une valeur indépendante de l’expérience il en est de même du principe d’Archimède, lorsqu’au lieu de se contenter d’en donner la « preuve expérimentale », on le démontre pour un fluide supposé en équilibre. Rien n’est plus méconnu que ce caractère de la Mathématique, et pourtant il faut absolument le comprendre, si l’on veut se rendre compte de la puissance de l’Esprit humain, et du pouvoir qu’il possède de se soustraire à l’empire des événements et d’atteindre le nécessaire et l’éternel. Il y a ainsi une connaissance nécessaire de l’Étendue et du Mouvement, et c’est là déjà une connaissance de ce qui est et de ce qui reste, c’est-à-dire de Dieu. C’est pourquoi Spinoza dit que l’Étendue est un attribut de Dieu.
Cette connaissance n’est pourtant pas encore la plus haute à laquelle nous puissions parvenir. Puisque le vrai porte en lui-même sa justification et puisque la pensée ne dépend que de sa propre nature, il faut dire avec Spinoza que la Pensée aussi est un attribut de Dieu, en d’autres termes, que l’on peut étudier la connaissance même comme le mathématicien étudie les faits, c’est-à-dire retrouver, dans nos pensées changeantes et périssables, les conditions éternelles et nécessaires sans lesquelles elles ne pourraient même pas apparaître, changer et disparaître. Puisqu’il y a une idée de la Vérité, et que toute pensée la suppose, il faut bien qu’il y ait une vérité de cette idée de la Vérité ; cela revient à dire que la Nature pensante absolue, étant nécessairement impliquée dans toute Pensée, c’est-à-dire dans tout objet, peut toujours y être retrouvée. Le pyrrhonisme le plus complet est impuissant contre l’analyse réflexive, et même il contribue d’une manière éclatante à en faire voir la possibilité : l’idée même du pyrrhonisme suppose et implique l’idée de la Vérité et la nature même de la Pensée bien plus visiblement encore que toute autre idée, puisque l’idée du pyrrhonisme exclut la confrontation possible d’une idée avec son objet et réduit, pour ainsi parler, la Pensée à la toute-puissance.
C’est principalement dans l’Éthique qu’il faut chercher l’idée de cette Mathématique de la Pensée qu’est l’analyse réflexive ; c’est dans l’Éthique que Lagneau l’a retrouvée. Il est inutile de signaler les formules et les propositions auxquelles l’étudiant se reportera de lui-même, mais il est indispensable d’appeler son attention sur la proposition 8 de la partie II : l’édition dont se servait Lagneau a été