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élémentaires que les similitudes supérieures, plus amples, plus complexes, plus vagues, ont pu être expliquées et réduites à leur juste valeur. — Ce progrès s’est opéré chaque fois qu’on résolvait en combinaisons de similitudes bien des originalités distinctes qu’on avait jugées sui generis. Ce qui ne veut pas dire que la science, en progressant, fasse évanouir ni même diminuer, en somme, la proportion des originalités phénoménales, des aspects non répétés de la réalité. Non, sous le regard le plus perçant de l’observateur, les originalités de masse, grosses et voyantes, se dissolvent, il est vrai, mais au profit d’originalités plus profondes et plus cachées, qui vont se multipliant indéfiniment, aussi bien que les uniformités élémentaires.

Appliquons cela au ciel étoilé. Il y a eu un commencement de science astronomique des le moment où des pâtres oisifs et curieux ont remarqué la périodicité des révolutions célestes apparentes, lever et coucher des étoiles, promenades circulaires du Soleil et de la Lune, succession régulière et retour régulier de leurs emplacements dans le ciel. Mais alors à la généralité de cette unique et grandiose révolution circulaire, certains astres paraissaient faire exception : les étoiles errantes, les planètes, auxquelles on prêtait une marche capricieuse, différente d’elle-même et des autres à chaque instant, Jusqu’à ce qu’on se fût aperçu qu’il y avait de la régularité dans ces anomalies mêmes. On jugeait d’ailleurs semblables entre elles toutes les étoiles fixes ou errantes, soleils ou planètes, y compris les étoiles filantes, et l’on n’établissait de différence tranchée qu’entre elles et le Soleil ou la Lune, qui étaient réputés les seuls astres vraiment originaux du firmament.

Or l’astronomie a progressé quand, d’une part, à l’apparence de cette énorme et unique rotation du ciel tout entier, on a substitué la réalité d’une multitude innombrable de petites rotations très différentes entre elles et nullement synchroniques mais dont chacune se répète indéfiniment ; quand, d’autre part, l’originalité du soleil a disparu, remplacée par celle, plus difficile à apercevoir, de chaque étoile, soleil d’un système invisible, centre d’un monde planétaire analogue au tourbillon de nos planètes.

L’astronomie a fait un plus grand pas encore quand les différences de ces gravitation sidérales, dont la généralité sans nulle exception n’excluait pas l’inégalité en vitesse, en distance, en ellipticité, etc., se sont évanouies devant la loi de l’attraction newtonienne