solutions du problème de la guerre. L’un de ces problèmes peut se résoudre par l’association des individus comme l’autre par la confédération des peuples. Du reste, le monopole même, à force de s’étendre, s’adoucit, et, s’il devenait universel, dans certaines espèces de production — terme où il tend et que M. Paul Leroy-Beaulieu a tort, je crois, de juger à jamais et absolument inaccessible — il serait probablement plus supportable dans certains cas que l’état de concurrence aiguë auquel il aurait été substitué. La concurrence tend à une monopolisation au moins partielle et relative ou à une association de concurrents, comme la guerre tend à l’écrasement du vaincu, ou à un bon traité avec lui, et, dans les deux cas, à une pacification au moins partielle et relative aussi. À cela ont servi les agrandissements des États conquérants. Les grands États modernes, en prenant la place des fiefs du moyen âge, ont fait régner une paix bien incomplète, je le sais, et bien courte jusqu’ici, mais dont l’étendue et la durée vont grandissant, comme les armements grandioses de l’heure présente. Nier que la concurrence aboutisse au monopole (ou à l’association) et se persuader qu’on prend ainsi la défense de la concurrence contre ses détracteurs, c’est repousser au contraire la seule excuse qu’elle puisse alléguer : c’est comme si, pour défendre le militarisme contre les attaques dont il est l’objet, on s’évertuait à démontrer qu’il n’est pas vrai que la guerre porte la paix dans ses flancs à la suite de la victoire. La guerre, il est vrai, ne traverse la paix que pour renaître de la paix même et sur une plus grande échelle, et, de même, la concurrence ne s’apaise momentanément dans l’association que pour renaître de l’association même
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