n’est possible que successivement. Au contraire, rien n’est plus habituel que de voir à la fois, dans un système de corps, astronomiques ou autres, un corps qui va de l’aphélie au périhélie pendant qu’un autre corps va du périhélie à l’aphélie, ou un corps qui s’accélère pendant qu’un autre se refroidit ; et rien n’est plus ordinaire que de voir dans une société une personne dont l’ambition ou la foi grandit pendant que cette même ambition ou cette même foi décline chez une autre, ou bien une personne qui, faisant un voyage circulaire, traverse une certaine série de sensations visuelles, pendant qu’une autre personne suit l’itinéraire inverse, parcourt inversement cette même gamme sensationnelle.
La discussion de chacune des espèces d’oppositions distinguées de la sorte nous entraînerait trop loin. Bornons-nous à quelques considérations générales. D’abord, s’il y a des oppositions extérieures (appelons ainsi les oppositions de tendances entre plusieurs êtres, entre plusieurs hommes), elles ne sont rendues possibles que parce qu’il y a ou qu’il peut y avoir des oppositions internes (entre tendances différentes d’un même être, d’un même homme). Ceci s’applique aux oppositions de séries et de degrés comme aux oppositions de signes, mais surtout à ces dernières. S’il y a des hommes ou des groupes d’hommes qui évoluent dans tel sens pendant que d’autres hommes ou d’autres groupes d’hommes évoluent en sens inverse, du naturalisme à l’idéalisme en fait d’art, par exemple, ou de l’idéalisme au naturalisme, — du régime aristocratique au régime démocratique ou de la démocratie à l’aristocratie, etc., — c’est que chaque homme peut évoluer et contre-évoluer de la sorte. S’il y a des peuples et des classes ou la foi religieuse grandit pendant que, chez d’autres peuples ou d’autres classes, elle décline, c’est parce que la conscience de chaque homme comporte les accroissements ou les décroissements d’intensité de la croyance. S’il y a enfin des partis politiques ou des sectes religieuses qui affirment et qui désirent précisément ce que d’autres partis et d’autres sectes nient et repoussent, c’est parce que l’esprit et le cœur de chaque homme sont susceptibles de contenir le oui et le non, le pour et le contre, à propos d’une même idée ou d’un même dessein.
Par la je suis loin de vouloir identifier les luttes extérieures avec les luttes internes. En un sens, elles sont incompatibles ; en effet, c’est seulement quand la lutte interne a pris fin, quand l’individu, Après avoir été tiraillé