de la prévoyance mesurée par les livrets des caisses d’épargne ou les assurances, etc., s’enregistrent en courbes ondulatoires.
Je viens de distinguer les oppositions de série (évolution et contre-évolution) et les oppositions de degré (augmentation et diminution). Une catégorie bien plus importante encore à considérer est celle des oppositions de signe, ou des oppositions diamétrales, si l’on aime mieux. Bien que celles-ci soient souvent confondues avec les précédentes dans la langue mathématique, où moins et plus symbolisent aussi bien le contraste du positif et du négatif que celui de l’augmentation et de la diminution, il n’en est pas moins vrai que l’accroissement ou le décroissement alternatifs d’une même force dirigée dans un même sens constituent une opposition tout autre que celle de deux forces dont l’une est dirigée de A à B, l’autre de B à A, toutes deux sur la même ligne droite. De même, l’opposition entre l’accroissement et le décroissement d’une créance ne doit pas se confondre avec celle de cette créance et d’une dette égale ; le plus ou le moins de penchant au vol et à la malfaisance, dans une société, est autre chose que l’antithèse entre ce penchant et le penchant à la donation et à la bienfaisance. Pour donner tout de suite l’explication psychologique de ces contrastes sociaux et de beaucoup d’autres, disons que l’augmentation, puis la diminution de notre croyance affirmative en une idée, religieuse ou scientifique, juridique ou politique, est tout autre chose que notre affirmation puis notre négation de cette même idée, et que l’augmentation puis la diminution de notre désir d’un objet, par exemple de notre amour d’une femme, est tout autre chose que notre désir puis notre répulsion de ce même objet, notre amour puis notre haine de cette femme. Il est vraiment curieux de constater que ces quantités subjectives, croyance et désir, comportent deux signes opposés, l’un positif, l’autre négatif, et qu’en cela elles sont tout à fait comparables aux quantités objectives, aux forces mécaniques dirigées en sens inverses sur une même ligne droite. L’espace est ainsi constitué qu’il comporte une infinité de couples de directions opposées l’une à l’autre, et notre conscience est ainsi constituée qu’elle comporte une infinité d’affirmations opposées à des négations, une infinité de désirs opposés à des répulsions, et ayant précisément le même objet. Sans cette double singularité, dont la coïncidence est singulière, l’Univers ne connaîtrait point la guerre et la discorde, et tout le côté tragique de la destinée serait aussi inconcevable qu’impossible.