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88’’ ~’r- :-Ji.-nEvuJÉiDÈiMfrAPHYSIQDE ET DE MORALE. bien peu de ses lecteurs soupçonneront la peine’et le temps que les recherches préliminaires ont dû lui coûter. Assurément, on appréciera l’étendue et la variété de son érudition ; mais on ne se doutera pas de la somme prodigieuse de connaissances que suppose cette revue critique de l’Analyse, de la Géométrie, de la Mécanique, de la Physique et de la Chimie, étudiées non seulement dans leurs principes et leurs éléments, mais dans leurs résultats les plus récents et, dans leurs hypothèses les plus élevées. Ce sont des théories tout, entières que l’auteur a dû apprendre et s’assimiler lentement, et, dont il ne nous donne que la quintessence et les’ conclusions. Plus la matière scientifique a été élaborée et digérée, plus elle est présentée sous une forme simple et claire, moins on peut se rendre compte du travail de préparation et d’incubation dont nous recueillons les fruits. M. Hannequin a donc rendu un immense service aux philosophes, en les informant des derniers progrès de la science moderne, et en mettant à leur portée une foule de documents nouveaux qui fournissent une ample matière a la réflexion. Il a fait mieux encore il a rendu à la Logique et à la Théorie de la connaissance leur véritable objet ; il a reconquis à la Philosophie un domaine séculaire de plus en plus délaissé ; enfin il a puissamment t contribué à restaurer la Métaphysique en lui fournissant la matière propre de ses spéculations.

Mais cet ouvrage n’est pas seulement un répertoire des connaissances scientifiques indispensables aux philosophes, bien qu’à ce titre seul il doive leur être extrêmement utile et précieux ; tous ces documents, si intéressants qu’ils soient par eux-mêmes, sont soumis à une critique sévère et pénétrante qui s’efforce d’en déterminer la valeur et d’en dégager l’esprit. L’auteur a su dominer et ordonner cette masse énorme de matériaux, et les faire servir à l’édification d’un vaste système ; par là il a fait œuvre, non plus d’érudit scrupuleux, mais de philosophe original. Les longues et ingrates études par lesquelles il s’est préparé à sa tâche n’ont pas nui à l’ampleur et à la hardiesse de sa construction dogmatique ; et il a prouvé qu’on peut être à la fois un critique subtil et un métaphysicien de haut vol. S’il lui a fallu une rare force de volonté pour acquérir, ou plutôt pour se donner l’instruction scientifique dont nous le félicitons, il lui a fallu aussi une singulière puissance de pensée pour ne pas se perdre dans sa minutieuse enquête à travers tant de sciences diverses, pour en démêler les idées fondamentales, y retrouver