Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/9

Cette page n’a pas encore été corrigée

J.-J. GOURD : – LFS ’IV.O’S DIALECTIQUES. 5

tion d’avec la science, qui est la vérité de coordination. – Le-scepli~ cisme à prétendu s’en tenir à cette vérité défait, à1 celte conscience primitive. Et cela nous empêche de lui accorder le1 nom- et la valeur d’une doctrine. Son œuvre suppose bien quelque élément positif, l ,` quelque coordination, puisqu’elle comporte des arguments, une dialectique. Mais cette dialectique se tourne expressément contre la dialectique. C’est l’arme de l’adversaire, que l’on dédaigne tout en l’utilisant. Même en son œuvre destructrice, on ne lui attribue aucune /valeur positive. Donc, au point de vue de la vérité scientifique, l’atti- (,¡V’~l, e, diz scepticisiriè ,Ía,t,L,pP,i, td~YU~,d, e’.làY~it,éSC,ienti,fi,qUe",rattI, Itude du scepticisme représente le maximum d’erreur. Tenons-lui Ji’ compte cependant d’avoir contribué à, la distinction trop souvent oubliée entre les deux ordres de vérité.’ – Mais’ils sont plus que distincts, ils se présentent en- sens inverse l’un de l’autre. La dialectique théorique’ ne peut, avancer qu’en portant atteinte à l’intégrité dé ses matériaux : Non seulement elle les modifie par des réactions t_ de voisinage, mais encore elle en élimine les éléments qui lui sont rebelles et se borne à leur substituer’ des équivalents approximatifs. Chacune de, ses étapes marque un nouveau degré d’éloignemenl de la conscience primitive. Le monde de l’esprit inculte en est déjà sensiblement distant à plus forte raison, le monde du savant, qui diffère à son tour de celui de l’esprit inculte ; à plus forte raison r ! encore, celui du philosophe, et surtout du philosophe qui a franchi les diverses étapes dialectiques et a laissé bien en arrière les coordinations du simple savant. C’est ainsi que le phénoménisme, qui ’R nous semble posséder la vérité scientifique la plus avancée, représente aussi le plus grand écart d’avec la" vérité de fait. – D’ailleurs, ce n’est pas seulement la dialectique théorique qui offre cet inconvénient, c’est aussi la dialectique pratique, et même la dialectique w religieuse. < ;M

Heureusement, on peut en atténuer la gravité. Et d’abord en en prenant conscience. Le danger consisterait surtout à ne pas savoir. Aussitôt, en effet, les deux ordres de vérité se confondraient, et il en résulterait d’importantes erreurs. C’est bien ce qui est arrivé très souvent. Par exemple, à propos de’ la divisibilité à l’infini. C’est pour avoir, confondu les deux ordres de vérité, c’est pour avoir passé sans transition, et sans avertissement, de l’un à l’autre, que’ Zenon d’Élée a réussi à troubler l’esprit de, ses auditeurs par des conclusions néga- .7 tives sur la multiplicité et le changement. C’est, pour une cause analogue que d’autres philosophes, propos des régressions causales,