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618 REVUE DE MÉTAPHYSIfiDE ET DE MORALE.

ou de toute opinion, consciente ou subconsciente, antérieure à l’investigation philosophique.

Reportons-nous donc, laissant là la lettre, à l’esprit du système. Les catégories a priori, ou les catégories tout court, l’Être, l’Absoluto-InOnî, la Cause, la Fin, ne nous étant pas données et ne pouvant nous être données comme trouvant leur objet en dehors de nous, nous devons en conclure non l’existence d’un Être absolutoinfini et cause, mais l’existence du Moi comme possédant ces attributs. C’est, encore une fois, le moi de Fichte, qui est infini et cause, n’étant pas plus mon moi que le vôtre.

Ce serait sortir de notre sujet que d’examiner ici cette théorie. Nous avons à constater seulement que, considéré dans son esprit, le système de Scotus Novanticus dépasse, en les. condamnant (déjà il en arrive, dans un passage que nous avons résumé, à se prononcer explicitement pour un dualisme idéaliste), le réalisme et le dualisme qu’il s’était donné pour tâche d’établir sur des bases philosophiques.

Et pourquoi ? Précisément parce que la théorie de la perception sur laquelle notre philosophe fait reposer tout son système, théorie aussi profonde qu’originale, est tout l’opposé de la théorie de la perception immédiate. Percevoir c’est en somme, pour lui, conférer l’autorité de la Raison, asseoir sur elle ce qui se trouve donné. dans la conscience non rationnellement. Qu’est-ce à dire non rationnellenient’ ?

Cela veut dire indépendamment d’un choix, d’un acte délibéré 

du moi. Percevoir revient à élire, parmi les états de conscience, ceux qui seront tenus pour avoir une existence légitime. Dans la perception le moi proclame, en l’exerçant, non seulement son autonomie, mais son pouvoir souverain à l’égard de tout objet interne ou externe l’esprit, d’après ses critères personnels et exclusivement d’après eux (lois logiques de Milieu Exclu, de Contradiction, de Raison suffisante, d’Identité) y vérifie les titres de l’objet à l’existence, à la réalité, sans s’inquiéter si cet objet possède ou ne possède pas, pour justifier l’existence qu’il paraît avoir, des titres d’une autre nature et d’une autre origine. Ceux ci, s’ils existent, sont considérés comme non avenus.Telle pièce d’identité – qu’on nous permette cette comparaison – qui est parfaitement valable aux yeux des magistrats de mon pays peut être considérée comme sans valeu r aucune par les magistrats d’un pays indépendant du mien. Mais il faut que ce dernier pays soit indépendant du mien et dans cet acte