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pas moins l’impossibilité de penser l’apparition du premier sujet., commençant la série dont nous sommes les derniers termes. L’antinomie demeure, à tous les points de vue, insoluble. Et comme du commencement, en est-il aussi de la fin des choses. Jin’y a point de contradiction logique immédiate dans la pensée que le monde et la vie, existant maintenant, puissent continuer d’exister sans fin ; quand on songe, toutefois, que tout individu vivant périt infailliblement, que. la vie ne persiste que par la succession ininterrompue des individus, enfin qu’il est dans la nature de tout ce qui est anormal de disparaître, puisqu’il renferme la tendance à son propre anéantissement, il faut bien admettre la possibilité que cette réalité anormale, notre monde, périra une fois entièrement et définitivement. Cette possibilité cependant d’une fin absolue transgresse, elle aussi, la puissance de notre conception. En somme, il règne une obscurité absolue touchant l’origine et la fin des choses : sur ce sujet, on ne peut rien affirmer ni rien nier. La réalité physique étant anormale est inexplicable, et c’est ce qui se manifeste à nous.par les antinomies insolubles auxquelles elle donne naissance. Mais nous pouvons nous en consoler en songeant que nous ne sommes pas nous-mêmes entièrement absorbés dans cette anomalie et cette antinomie, que nous possédons une norme supérieure qui nous met en mesure de reconnaître les anomalies et les antinomies, norme qui est le concept même de l’absolu et le gage de notre participation à la nature de l’absolu. Si une partie de nous, la partie physique, vient d’en bas, l’autre partie, notre nature morale, vient d’en haut et prouve notre communauté de nature avec Dieu, l’être absolu et parfait vers lequel nous tendons comme vers notre vrai moi. Cette participation à la nature divine nous garantit une éternité ou une immortalité véritable, celle de l’élément divin en nous, quoi qu’il puisse advenir du monde de l’apparence. (A suivre.) A. Spir.