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610 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

♦ _• 1 ,,1, n,-t nAncfnrifû f»*ôcf fin P A ïi fl C soit de ce dernier point, une chose est constante, c’est que dans ses données immédiates, la conscience sensible ne dépasse pas la donnée de l’être de l’impression. Et notre auteur semble l’avoir si bien senti que parfois il ne réclame comme donnée immédiate que celle-là •. Mais alors c’en est fait de sa tentative de justifier le réalisme naïf ° (comme il le nomme lui-même) en s’appuyant sur l’autorité de la .conscience sensible. Et ce n’est pas un malheur, car si le réalisme naïf est détruit par là, il est aisé de le remplacer par quelque chose de meilleur.

Nous retournerons-nous maintenant, pour être assurés que l’Être nous est donné comme in rébus, vers l’autre face de l’esprit, la Raison ? Nous n’en serons pas assurés davantage. En effet, en premier lieu, rien de moins propre que la raison, telle que la conçoit dans son origine Scotus Novantieus, à dépasser le point de vue du sujet. Postérieure, en son apparition, à la conscience sensible ou attuitionnelle, elle vient, par un commencement absolu, se super.. poser à elle « un mouvement spontané du sujet », mouvement issu de son activité libre, et qu’il faut- nommer Volonté, donne naissance à la Raison et à la Connaissance. « La liberté, écrit notre auteur, est le commencement de toute connaissance possible » Ainsi le sujet recélait en lui une puissance complètement indépendante de la Nature et qui ne se manifeste que maintenant ; chose bizarre, si maintenant « il se révolte contre l’extérieur3 », il s’est laissé être jusqu’ici le jouet 4 de la Nature et même, comme nous l’avons vu ci-dessus, le sujet conscient a dû son passage de la potentialité à l’actualité uniquement à l’action de l’extérieur. Il semble bien, si l’on se reporte à la théorie de l’origine de la conscience sensible, que ce soit un nouvel esprit – rationnel qui se surajoute ici, on ne sait comment, au premier, non rationnel. L’auteur proteste énergiquementdanssa Métaphysique contre cette dualité irréductible de l’esprit à laquelle on pourrait accuser sa théorie d’aboutir mais pour trouver un argument it l’appui de ses protestations, il nous faut recourir aux dernières pages de son Éthique 8, où il est revenu pur cette question, sentant bien sans doute que sa Métaphysique la laissait sans réponse décisive. Mais les explications qu’il donne dans . Cf. p. 141. Voir aussi p. 148 et passim.

. Metaphyska, p. 30.

. Metaphyska, p. 37.

. Metaphysica, p. 25, 28, 38 et passim.

. Elhica, p. 3S4-3S5.