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Si BEVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

lui, l’antinomie consistait en une thèse et une antithèse ; il croyait, par conséquent, qu’elle renfermait un terme positif. Mais c’est une erreur ; il n’y a point de thèse, il n’y a point de terme positif dans une antinomie, mais seulement deux négations, deux antithèses S opposées l’une à l’autre l’opposition d’une thèse et d’une antithèse est une contradiction logique ordinaire.

Il y a encore une autre différence, qui doit être signalée, entre l’antinomie et la simple contradiction logique. Celle-ci ne peut jamais se rencontrer dans la réalité, mais seulement dans la pensée, ou dans l’idée qu’on se fait de la réalité, et les deux termes de la contradiction logique ne peuvent, par conséquent, jamais être tous les deux vrais à la fois. Au contraire, une antinomie ne pourrait jamais venir à l’esprit de personne, si elle n’avait pas un fondement dans la nature des choses, et les deux termes d’une antinomie sont, pour cette raison, tous deux vrais en un certain sens. Pour le but que nous nous proposons ici, il nous suffira de dire qu’il n’y à que deux antinomies véritables1, et qui sont nécessairement liées ensemble l’une concerne la série des changements et l’autre la série de leurs causes 3.

Première antinomie.

Première antithèse. – II est impossible de penser un premier changement ou un premier commencement ; car un premier commencement serait l’origine du devenir lui-même, tandis que tout commen- “,“ Au fond il c’y a qu’une seule antinomie, et elle a son fondement dans la nature du changement ; mais elle peut être considérée par rapport à la simple succession et par rapport à la causalité des phénomènes. . Aussi est-ce par suite d’une méprise que Kant a compté parmi les antinomies la contradiction logique renfermée dans le concept des corps, notamment dans leur continuité et leur divisibilité. Si l’on s’en tient uniquement à la forme, il y a là une antinomie en effet l’impossibilité de penser la divisibilité, F des corps soit comme finie, soit comme infinie. Mais du moment ou le monde ~E des corps n’est qu’une apparence, ce n’est pas dans cette apparence, mais dans la nature des choses qui la produit qu’il faut chercher l’antinomie véritable, et

!!i !!h cette antinomie concerne, non la divisibilité des corps, mais l’existence même 
!] : d’une apparence, ou du faux, qui est une anomalie. L’antinomie, ou plutôt 

la double contradiction logique renfermée dans l’extension et la continuité des corps, dans leur propriété de remplir un espace, vient évidemment de ce que les corps ne sont que nos sensations, et de ce que le fait d’avoir une extension et une continuité est incompatible avec la nature d’une substance ou d’un ,“ objet absolu. Si l’on croit que la divisibilité de la matière n’est pas infinie, on a la conception logiquement contradictoire d’objets composés, mais composés de rien ; car des éléments simples ne peuvent pas avoir une étendue. 11 est donc clair qu’on a affaire ici, non à une réalité, mais à une simple apparence.