P. LAPIE. – MORALE DÉOUCT1VE. 551
tique ; une action différente a un antécédent et un conséquent différents ». Telles sont toutes les propositions qu’on peut tirer du principe d’identité transporté dans le domaine de l’activité ; tels sont les seuls axiomes de la morale.
Ces axiomes sont-ils stériles ? Oui, si l’on parle d’une identité absolue des actions et des agents ; non, s’il ne s’agit que d’une identité relative. Des actions peuvent être spécifiquement identiques, mais numériquement distinctes à deux moments différents, ,une même action aura même antécédent et même conséquent. L’identité peut être partielle des actions semblables ont’ des antécédents et des conséquents semblables. Enfin, l’identité peut être une égalité. Qu’est-ce que l’égalité des actions et des agents ? Cette égalité n’est e pas, comme l’égalité de deux nombres, une relation entre des termes homogènes ; pourtant les deux sens du mot égalité ne sont pas = séparés par un abîme comme deux quantités mathématiques, deux agents ou deux actes sont égaux lorsqu’ils peuvent se substituer l’un à l’autre, inégaux lorsque la substitution est impossible. Pour que deux actions s’équivalent, il faut qu’elles soient également réfléchies et qu’elles atteignent également la même fin : Deux équipes d’ouvriers se succèdent, et la machine, pendant le travail de la seconde, fabrique autant de-produits que pendant le travail de la première, et réciproquement les actions des deux équipes sont égales. Deux actions égales, indépendamment de leur résultat, doivent être également des actions, c’est-à-dire qu’elles doivent être précédées. d’une égale délibération. Dans la réflexion qui précède" l’acte on peut distinguer une infinité de degrés des actes sont inégaux quand les uns’sont pleinement réfléchis tandis que les autres sont imprégnés de passion. De même, les agents, pour pouvoir se ° substituer les uns aux autres, doivent être également agissants, et agir en vue des mêmes fins. Tous les agents moraux ne sont pas des systèmes cohérents d’actions réfléchies ; leur vie est souvent un mélange d’actions et de passions. Et il y a une infinité de degrés .depuis les êtres qui savent parfaitement coordonner leurs actions ° jusqu’à ceux dont l’histoire est une série d’événements incohérents. En outre, des êtres doués du même degré de réflexion peuvent être inégaux s’ils proposent à leur activité des fins différentes. Mais si deux hommes collaborent à la même tâche avec- le même zèle et la
