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MORALE DÉDUCTIVE

Qu’elle prescrive ou décrive, qu’elle définisse un idéal ou constate une réalité, la loi est une proposition universelle. A cette règle, la loi morale ne fait pas exception ou bien, dans les mêmes circonstances, toutes les consciences donnent le même ordre, ou bien il n’y a pas de loi morale. Ce caractère est, formellement ou non, reconnu par tous les moralistes. Si le plaisir est le bien pour Épicure, c’est qu’il est réclamé par tous les corps vivants. Si le plaisir n’est pas le bien, pour les rationalistes, c’est qu’il dicte aux hommes des ordres contradictoires. Les sceptiques mêmes admettent que la loi morale devrait être universelle puisque, pour ruiner la morale, ils se bornent à étaler les variations de la conscience humaine. Et Kant, pour trancher le débat, accorde à la loi morale une universalité formelle si toute conscience, ne dicte pas le même devoir, toute conscience dicte un devoir. Pour tous, la loi morale est donc universelle ou n’est pas une loi. `

Mais l’esprit conçoit deux sortes d’universalité un jugement est universel quand il se déduit d’un principe rationnel ou quand il est induit de l’expérience. De quelle nature est l’universalité de la loimorale

? Pour établir son universalité empirique, il faudrait faire un 

nombre infini d’expériences ; et ces expériences, comme toutes les expériences, devraient être suggérées par des hypothèses. Où trouver ces hypothèses ? Dans les sciences physiques contemporaines, les hypothèses qui permettent d’orienter les expériences et les inductions sont déduites des vérités mathématiques. Pourquoi ne trouverait-on pas de même, dans une morale déductive, des hypothèses capables de diriger les recherches de la morale inductive ? Cherchons donc quelle serait cette morale déductive.


Toute science déductive tire ses théorèmes de deux espèces de