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F. simiand. – L’année sociologique française Î896. S1T cette alliance et cette pénétration du réel et de l’idéal dans l’objet de la sociologie, demeure assez obscure. Peut-être recouvre-t-elle une confusion assez subtile. Que l’éthique d’une société soit incomplètement connue par la description de ses mœurs, des expressions extérieures de sa conduite, que l’interprétation de ces dehors moraux doive être poursuivie par l’étude du dedans moral, par la connaissance des sentiments et conceptions, de l’idéal moral en un mot cela est bien. Mais l’idéal moral est ici traité comme fait, et non, pas comme idéal. Cet idéal, bien qu’en soi subjectif, est étudié par le sociologue objectivement. Cela est clair pour l’idéal des différentes époques du passé. Mais la remarque doit être étendue à l’idéal présent, à notre idéal. Nous appliquons assurément à la détermination de cet idéal, le meilleur de notre esprit et de notre âme mais, en ce travail, nous ne faisons pas de lasociologie, nous faisons un fait sociologique, si l’-on peut ainsi parler ; pour le sociologue notre idéal est un fait, au même titre que l’idéal du peuple grec. Autrement dit, la sociologie, en elle-même, n’est pas « normative-. », elle est historique une « science normative », si l’on peut employer cette expression, n’est pas la sociologie, elle est un fait sociologique. C’est qu’au fond le sens d’objectif et de subjectif est amphibologique sans doute M. Bernès peut avoir raison de soutenir que le fait social est par un côté subjectif : mais ce subjectif même est objectif pour le sociologue,. en ce sens que ce subjectif même est étudié objectivement. La qualification du fait comme objectif ou subjectif n’entraîne nullement la qualification correspondante de la connaissance de ce fait car les mots n’ont plus le même sens.

Ces remarques n’ont pas la prétention d’opposer une conception nouvelle de la sociologie à celle de M. Bernès elles montrent simplement que la-conception de M. Bernès est discutable. Et elle le restera, en réalité, tant qu’elle restera conception. Que la sociologie de M. Bernés existe, et on en contestera moins facilement la possibilité. II convient de remercier, en terminant M. René Worms, de nous avoir exposé la théorie organiciste des sociétés, de manière à en mettre définitivement en évidence l’insuffisance et l’inutilité scientifiques M. de Lilienfeld, de nous avoir montré comment une construction