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498 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

niques, si l’élément social peut faire partie de plusieurs tissus à la fois, ne serait-ce pas qu’appeler tissus sociaux certains groupements d’hommes, est une simple métaphore, ne recouvrant aucune identité ni même analogie réelle de nature ou de fonct ion avec les tissus organiques

? Si l’on doit se contenter de chercher des analogies, sans 

songer à établir des homologies l, ne serait-ce point que la méthode organique en sociologie doit renoncer, par avance, à toute conclusion proprement scientifique ?

C’est qu’en effet, et là est sans doute le vice radical de la sociologie organiciste, l’analogie n’est pas, à proprement parler, une méthode scientifique, elle ne prouve rien par elle-même. Elle ne vaut que comme indice ou comme pis-aller. Comme indice, elle sert en effet, dans la science, en amenant un rapprochement’, à mettre sur la voie d’une identification possible mais la découverte scientifique existe seulement lorsque entre deux faits, deux rapports jusque-là considérés comme différents, est établie non pas l’analogie, mais l’identité. Or, de l’aveu de M. Worms, on n’espère pas arriver à un résultat de cette sorte entre les rapports sociaux et les rapports organiques. Comme pis-aller, l’analogie sert à défaut de meilleur procédé d’information quand nous cherchons si Mars est habité, nous usons de l’analogie, nous invoquons la présence sur Mars de certaines conditions de la vie sur la terre mais nous ne pouvons s dire plus, parce que nous ignorons si ces conditions sont conditions suffisantes, c’est-à-dire causes de la vie. L’analogie est ici une induction imparfaite, qui espère cependant devenir induction légitime, sinon elle ne signifierait absolument rien. Mais, si le choix était donné entre la voie de l’induction proprement dite et la voie de l’analogie, qui songerait à prendre la seconde ? M. Worms reconnaît que la coinparaison de la société à l’organisme, ne saurait le moins du monde dispenser d’étudier, d’observer directement les phénomènes sociaux : pourquoi donc ne pas aborder immédiatement cette étude directe ? Dira-t-on que la biologie nous aura renseignés sur la méthode à suivre en sociologie, et nous aura évité les tâtonnements du début ? Si les deux sciences sont différenciées, ce que la méthode de la seconde doit avoir de spécifique ne pourra pas nous être révélé par la méthode de la première, et c’est pourtant la difficulté principale elles n’ont de commun que les procédés généraux induction, déduc1. Worms, op. cit., p. 156.