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482 REVUE DE MÈTAPHÏSIQUE ET DE MORALE.

Ce ne sera point la faute de M. René Worms si nous n’en sommes pas convaincus. Tous les sociologues tendent aujourd’hui à l’accepter, affirme M. Worms ; mais, sauf peut-être M. de Lilienfeld, aucun, déclare M. Worms lui-même, ne l’a admise sans des réserves qui souvent la compromettent entièrement, plusieurs même l’ont combattue « En somme la théorie reste à édifier dans son ensemble. » La sociologie doit, avant tout, savoir ce qu’elle doit aux sciences inférieures et préparatoires. Cependant, comme de la cosmologie à la sociologie on ne peut passer qu’en traversant la biologie, le seul problème poser est celui du rapport de la sociologie il la biologie 3 mais il est fondamental. La thèse soutenue-sera que ia société est comparable, analogue à l’organisme, mais qu’elle est davantage, un supra-organisme, ou, exactement, qu’elle constitue un organisme, avec quelque chose d’essentiel en plus 4. A montrer l’analogie des lois sociales et des lois biologiques : on gagnera d’établir l’indépendance de la sociologie (parce que la théorie organique empêche, et empêche seule, de considérer la société comme un simple « être de raison », sans existence objective et concrète •). Définissons organisme, et définissons société, puis comparons. L’organisme, peut-on dire, est un tout vivant formé de parties vivantes elies-mêmes. Mais il est impossible d’exprimer en une seule formule la différence de l’organique et de l’inorganique. L’organisme croît et diminue, il assimile et désassimile (nutrition) il se différencie il évolue sans cesse ; il meurt, et se continue en quelque sorte par la reproduction. Le mouvement et. la sensibilité ne sont au contraire nullement caractéristiques «. – On ne saurait nommer sociétés que des réunions d’êtres jouissant chacun d’une véritable individualité organique c’est une « vérité incontestable ». Bornons-nous aux sociétés humaines. La société est « un groupement durable d’êtres vivants, exerçant toute leur activité en commun » C’est la nation qui aujourd’hui constitue ce groupement notre activité en effet déborde le cercle de l’association conjugale, ou même de la famille, mais ne . René Worms, Organisme el société ; Paris, Giard et Brière (Thèse de doctorat es lettres).

. Op. cit., p. 0-ii.

. Id., p. 8-7.

. Id., p. 9.

. Id., p. il, 12, 42.

. Id., p. 17-27.

. Id., p. 31.