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444 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

En mesurant l’indice céphalique des conscrits de Carlsruhe, M. Ammon remarqua que le plus grand nombre, des têtes dolichocéphales appartenait aux habitants, des villes. Une statistique comparée de l’indice des urbains et de l’indice des ruraux dans tout l’État de Bade aboutissait aux mêmes résultats. M. de Lapo«ge les vérifiait en France, principalement dans l’Hérault et dans l’Ile-et-Vilaine. M. Coliignon, d’abord hostile à l’idée nouvelle, la confirmait par les multiples observations qu’il recueillait dans les conseils de revision. La constance d’un rapport entre la dolichocéphalie et l’ « urbanité » devenait donc manifeste. Comment l’expliquer ? Ce n’était pas la vie des villes qui allongeait le crâne de leurs habitants. Car, outre que l’anthropologie n’a jamais constaté, même sous l’influence de la culture intellectuelle la plus intensive, une modification des dimensions relatives du crâne en de telles proportions. les générations d’urbains ne durent pas assez longtemps pour que la civilisation puisse ainsi produire des «variétés » biologiques nouvelles. Il restait donc que la plus grande proportion des dolichocéphales dans les villes fût duc h la nature typique des individus qui s’y rassemblent. Si les urbains sont plus dolichocéphales que les ruraux, c’est que, parmi les ruraux, les plus dolichocéphales sont en effet ceux qui immigrent vers les villes. On arrivait ainsi à formuler la « loi de concentration des dolichoïdes dans les villes ». Les observations de de Lapouge, en même temps qu’elles confirmaient cette loi, l’étendaient, et mettaient en lumière la mobilité dont font preuve, d’une façon générale, les dolichocéphales. Déjà Topinard, it propos de la haute taille des Américains, remarquait qu’il semblait y avoir un rapport entre les caractères anatomiques de la race des grands dolicho-blonds et l’aptitude à émigrer Le plus singulier, c’est que cette relation se découvre, en effet, après examen non pas seulement de ceux qui émigrent à l’extérieur, mais de ceux qui émigrent à l’intérieur non seulement ceux qui manifestent une tendance à quitter le sol national, à s’expatrier, sont proportionnellement plus dolichocéphales que les autres, mais sont déjà plus dolichocéphales ceux qui manifestent une tendance à s’établir hors de leur département, bien plus, à se marier hors de leur canton. M. de Lapouge, étonné lui-même de ces résultats qu’il avait observés par hasard, les vérifiait partout où il pouvait . V. Haosen, Die drei Bevôlkerungsstufeiu 1889. . Eléments d’anthropologie générale, 1885, p. 451.