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428 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

caractère tout relativiste de cet énoncé ? Fallait-il, pour que Mariotte donnât sa formule, qu’il sentit à quel point elle allait être provisoire ? On serait presque tenté de répondre que l’erreur à cet égard ne pouvait être qu’un excitant plus impérieux.

Mais, objectera-t-on, c’est l’esprit critique qui fera défaut là où se trouvera le dogmatisme les lois et les formules s’énonceront sans doute avec empressement, mais seront-elles discutées ? Que l’on veuille bien examiner de près s’il a vraiment manqué quelque chose à un Potlémée, augmentant le nombre des épicycles nécessaires pour rendre compte du mouvement des planètes ; ou à un Eudoxe, ajoutant, pour expliquer le mouvement de la lune, par exemple, une sphère ou deux il la liste de celles qui jusqu’à lui semblaient suffisantes ; ou à l’astronome inconnu qui le premier renonça au système des sphères concentriques s’emboitant les unes dans les autres et tournant autour d’axes divers, pour créer la théorie des s épicycles. N’y a-t-il pas dans les corrections, modifications, transformations radicales parfois que la théorie a dû subir ainsi dans certains domaines, la preuve manifeste que les anciens étaient capables de conceptions variables s’accommodant de mieux en mieux à l’explication des faits observés ? Là où nous voyons des idées et des symboles de plus en plus approchés, ils voyaientpeut-étrela vérité se substituant à l’erreur les résultats étaient-ils bien différents ? ° Enfin, la science pure, cette mathématique que les Grecs avaient t créée avec tant d’éclat, ne pouvait-elle, après les premiers beaux jours de l’école d’Alexandrie, se prêter encore dé nombreux progrès ? En quoi la méthode expérimentale était-elle nécessaire pour qu’un algorithme commode se dégageât de la Géométrie grecque, comme cela devait peu à peu se produire plus tard ? En quoi a-t-elle été nécessaire pour que les travaux de Viète, de Descartes et des géomètres du xvii" siècle vinssent enfin renouer l’antique tradition et donner une suite naturelle, quoique longtemps attendue, à l’œuvre des Pythagore, des Euclide, des Apollonius, des Archimède ? Est-ce en songeant au défaut de méthode expérimentale chez les anciens, ou à la tournure d’esprit trop logique des Grecs, qu’on peut expliquer ce long intervalle de dix-huit siècles qui sépare, par exemple, la représentation des coniques par leurs équations chez Apollonius, et la Géométrie analytique de Descartes ?

II faut donc absolument chercher ailleurs la réponse au problème que nous avons posé.