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SJL 38 REVÇE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

Dans cette Revue, M. Weber a cru pouvoir affirmer que « tout système, conseryatif fermé doit parcourir nécessairement le même cycle de transformations, parce qu’il ne peut pas se présenter dans la série d’états par lesquels il passe, un état nouveau qui ne s’est pas déjà présenté et qui ne se représente plus ». Les exemples de systèmes conservatifs fermés qui ne parcourent jamais un cycle et passent par des séries d’états toujours nouveaux, seraient aisés à donner, et M. L. Gouturat n’a pas eu de peine à en citer un. La dialectique très intéressante de M. Weber aboutirait, tout au plus, à faire ressortir la contradiction que renferme en soi l’idée d’un systè.me conservatif non oscillatoire qui serait éternel et éternellement soustrait à toute influence extérieure à lui. Elle ne saurait empêcher la thermodynamique de nous représenter l’univers comme un système conservatif non oscillatoire.

Je dis représenter ; je ne dis pas que la thermodynamique nous démontre d’une façon décisive que tel est bien l’univers il y a dans l’extension à l’universalité des choses, de principes établis pour tout système limité, une extrapolation sur la légitimité de laquelle il est loisible de discuter.

Ce qu’il faut retenir des conclusions de la thermodynamique, c’est que ceux qui se croient en droit d’appliquer sans réserve l’univers le principe de la conservation de l’énergie, ne sauraient se soustraire à l’obligation de lui appliquer aussi le principe de la dégradation de l’énergie. La physique nous montre le monde marchant dans un sens ; la principale raison qui a longtemps empêché de prendre garde à cette vérité, c’était la confiance aveugle qu’on professait généralement en un mécanisme universel, considéré comme une conséquence nécessaire de la conservation de l’énergie, et considéré comme impliquant à son tour la « répétition intégrale » et le renouvellement périodique du monde.

Aujourd’hui cette « marche dans un sens » n’est plus contestée, à tel .point que les défenseurs du mécanisme s’attachent à montrer qu’il n’entraîne nullement la périodicité et la répétition intégrale, et à le rendre compatible avec la conception d’un monde irréversible, d’un monde qui s’use

En vain imaginerait-on des hypothèses destinées à écarter la con1. T. I, p. -446.

. Voir, à ce sujet, Couturat, t. I, S72 ; voir aussi les divers articles de M. Léohalas.