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36 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

changements auxquels nous assistons, acheminent ce monde vers un état qui sera le repos et l’uniformité de température, qui sera par suite la fin de tout mouvement et de toute vie. Si l’on trouve déjà qu’il y a loin de cette vue moins optimiste des choses, à la confiance en un statu quo éternel, dont le principe de la conservation de l’énergie constitue pour certains une garantie, quelle distance plus grande encore n’aperçoit-on pas entre l’idée d’un monde susceptible de progrès indéfini, et l’idée d’un monde qui porte en soi un germe de mort ?

Nous ne prétendons pas ici concilier des idées scientifiques qui ne s’excluent en aucune façon, et lever une difficulté qui, selon nous, n’existe pas. Nous voulons seulement montrer qu’on peut énoncer les deux principes de la thermodynamique, et notamment le second, E – même en prenant ces principes étendus sans restriction à l’ensemble de l’univers matériel, -sous une forme qui laisse le champ libre à ̃ I’évolutionnisme le plus hardi, et qui ne s’oppose qu’aux préjugés peu scientifiques associés à tort, soit à l’idée de la conservation de l’énergie, soit à la doctrine de l’évolution.

I. En vertu du premier des deux principes de la thermodynamique, le principe de l’équioalence de la chaleur et du travail, une grande calorie est équivalente à 425 kilogrammôtres. Dix grandes calories ou 4250 kilogrammètres représentent la même dose d’énergie F, sous deux formes différentes et c’est à condition d’évaluer en énergie, d’une part les quantités de chaleur, d’autre part les quantités de travail mécanique, qu’on peut dire que dans un système clos de toutes parts, et qui est le siège de phénomènes mécaniques et thermiques, la quantité d’énergie totale demeure invariable. Le second principe de la thermodynamique, le principe de Carnot et deClausius, nous apprend que, si une grande calorie est équivalente à 428 kilogrammètres, il n’est pas équivalent d’avoir l’un ou d’avoir l’autre à sa disposition. Le travail mécanique est de l’énergie de qualité supérieure à l’énergie calorifique la chaleur est elle-même de qualité d’autant plus élevée que la source à laquelle on la puise est à température plus haute. Nous observons une tendance constante de l’énergie naturelle à baisser de qualité, à se dégrader ; l’énergie mécanique se transforme d’elle-même en énergie calorifique, par les frottements et les chocs ; la chaleur, en passant spontanément des corps chauds aux corps plus froids, tombe aussi à l’état d’énergie de