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392 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MOKALE,

résulte un affaiblissement de la santé publique, et finalement un abaissement de la natalité ici la cause initiale de la série des phénomènes est économique, mais son mode d’action, et par conséquent la cause prochaine de la dépopulation, est involontaire, inconsciente, mécanique. – Supposons au contraire que la pauvreté porte la population à s’expatrier, et par suite produise encore une diminution finale de la population la cause première est toujours économique, mais un intermédiaire psychologique est nécessaire pour expliquer son effet ; un raisonnement et une résolution volontaire interviennent ici.

Ce sont ces intermédiaires que M. Dagan néglige de parti pris, dont il ne veut pas même qu’on s’occupe ; et, ne laissant en présence que la cause économique initiale et l’effet économique final, il raisonne comme si l’une produisait l’autre immédiatement, par une sorte de force propre et occulte, par une sorte d’aetiqn à distance, si l’on peut dire, sans que le processus en existe ou en puisse être compris. En bon positiviste, il ne veut que constater le fait sans l’interpréter, par suite sans même l’analyser ; et en conséquence il prend pour une raison ou une loi la «simple énoneiation abstraite du fait. Or, ce qu’il convient de déterminer d’abord, c’est peut-être, non pas la cause initiale, mais la cause prochaine du fait ; parce que celle-ci, agissant toujours de même, peut être l’objet d’une affirmation plus ou moins générale ; au lieu que l’autre peut avoir les effets les plus divers selon les milieux où elle agit, c’est-à-dire les instruments d’action qu’elle rencontre, c’est-à-dire les causes secondes qu’elle emploie. Il faut donc remonter pas à pas la série des causes productrices et la seule chose qu’on puisse généraliser en loi, c’est peutêtre la tendance qu’a tel facteur, soit mécanique, soit psychologique, à produire tels effets économiques, ou la tendance qu’a tel facteur économique à produire tels effets mécaniques ou psychologiques ; en d’autres termes, les véritables lois économiques doivent énoncer, peut-être, d’une part les effets économiques des causes mécaniques ou psyehogiques ; et d’autre part, les effets mécaniques ou psychologiques des causes économiques.

Aussi, la loi économique que tend à formuler notre auteur le développement t de l’industrie pure dans un pays y produit un accroissement, et l’apparition des machines, un abaissement de la population ne saurait, ainsi présentée, être affirmée sans restriction, constituer une véritable loi. Ce n’est qu’une généralisation empirique plus