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précis où elles veulent paraitre (p. 278). » Mais si elles ne peuvent pas paraître en une forme personnelle, elles ne sont cependant que par leur adhérence à cette perception impersonnelle qui à la fois les lie et détermine leur nature en leur imposant son caractère. Entre la forme de la perception personnelle et la forme de la perception impersonnelle, il y a un attribut commun qui, dans les limites de l’une et avec l’extension illimitée de l’autre, est la continuité indivisée en quoi la seconde diffère-t-elle de la première, sinon en ce qu’elle ne doit ni s’interrompre ni s’abréger, mais qu’elle doit se poursuivre identique à elle-même ? Qu’on appelle encore, si l’on veut, perception cette perception impersonnelle ; mais ne faut-il pas reconnaître que l’exigence qu’elle implique ne retient de la conscience psychologique que ce qui fait qu’elle peut communiquer avec elle, et qu’elle y ajoute ce que la conscience psychologique ne fournit pas, c’est-à-dire une loi immanente de développement nécessaire ? Cette perception impersonnelle, en laquelle les perceptions particulières doivent s’unir et se compléter, c’est précisément la pensée, la pensée à ce moment défini par les philosophies de l’identité où elle ne fait qu’un avec la nature et où elle ne reconnaît pas encore la nécessité qu’elle impose. Il n’est donc pas étonnant que M. Bergson se refuse à concevoir derrière la science de la matière une métaphysique qui la doublerait, on n’aurait pas d’objet la science telle qu’il l’entend suppose réalisées dans les choses à titre de propriétés les formes de la représentation ou de la connaissance dont la métaphysique et la critique s’appliquent à déterminer la signification et la portée.

On ne saurait donc admettre que la psychologie devienne ontologie par la simple extension de ses données immédiates car elle ne peut devenir telle que grâce à des postulats qui, loin d’être des données, restent les conditions auxquelles doivent se plier les données pour être converties en objets ou encore, ce qui revient au même, elle est forcée de projeter hors de tout sujet une conscience impersonnelle, pénétrée de pensée. C’est par là qu’elle s’achève et se contredit. Si c’a été parfois le défaut de l’intellectualisme que de vouloir produire directement une psychologie conforme à ses exigences et à ses distinctions logiques, c’est encore participer en un sens de son erreur que de vouloir tirer du fait mental la marque de ce qui est objectif. Aussi n’est-ce plus précisément au fait mental que M. Bergson a eu recours quand il a conduit sa psychologie jusqu’à une théorie