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y. delbos. – Matière et mémoire, 387

y. djexbos. – manere et mémoire, ïs» ;

établissant la dissociation effective, dans certains cas, de là perception et de la.mémoire, n’est pas capable d’ériger en théorie scien-> tifique la conception à laquelle elle fournit une garantie initiale ; de la conscience il ne saurait y avoir de théorie proprement scientifique, car si elle a une vie à elle, c’est en deçà ou au-dessous des réalités scientifiquement connaissables qu’elle la développe, entre le rêve derla mémoire pure etejeù de l’action. Ce qu’on peut tenter de découvrir, c’est la forme la plus naturelle sous laquelle son mou* vement peut être représenté, et l’intérêt durable des études de M. Bergson, c’est d’avoir établi qu’on peut mieux suivre son progrès concret en partant de son unité et de sa continuité premières qu’en partant de ses états distincts et discontinus. Mais il n’en reste pas moins que les intuitions immédiates, en ce qui concerne la connaissance. du monde, restent scientifiquement suspectes, et que leurs objets sont toujours justiciables de la pensée. ` Mais peut-être, a bien considérer le sens de certains arguments M. Bergson, pourrait-on dire que l’intuition immédiate nous révèle surtout la forme dont l’expérience ne peut s’abstraire. C’est ainsi que l’indivisibilité et la continuité du mouvement sont conclues de l’indivisibilité et de la, continuité de.la sensation, soit musculaire, soitreprésentative, qui le manifeste rsi bien que rien de ce qui serait donné comme divisé et discontinu ne devrait être jamais tenu pour .réel. Cette conclusion setortifie d’une conception constamment sousentendue et parfois très explicite, selon laquelle il y a, antérieurement à nous, une perception universelle et impersonnelle du réel, ou, si l’on aime mieux, suivant laquelle réalité et perception sont comme les deux noms d’une même existence continuellement changeante dont nos perceptions humaines sont les modes discontinus et immobiles. On trouve çà et là de curieuses formules de cet idéalisme naturaliste « Percevoir toutes les influences de tous les points de tous les corps possibles serait descendre à l’état d’objet matériel (p. 38). » « La matière étendue, envisagée ! dans son ensemble, est comme une conscience où tout s’équilibre, se compense et se neutralise ; elle offre véritablement l’indivisibilité de notre perception ; de sorte qu’inversement nous pouvons,- sans scrupule, attribuer à la perception-quelque chose de l’étendue de la matière (p. 245). » « La nature peut être considérée comme une conscience neutralisée et par conséquent latente, une conscience dont les manifestations éventuelles se tiendraient réciproquement en ;éc.hec et s’annuleraient au moment