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J.-J. GOURD. – LES TROIS DIALECTIQUES. 33

Rcv. Meta. T. V. – 1897. ,0" 3

éliminés l’importance qu’ils ont en réalité, et pour cela il importe Comment, entendre ce minimum de communication entre choses essentiellement incommunicables ? Le dualisme du sujet et de l’objet a été sensiblement amoindri par le phénoménisme, il n’a donc :pas été effacé. Pourrait-on affirmer,’ d’-autre part, que la conversion du j i psychique en physique, de la qualité en quantité, et auparavant de de la nature concrète en qualités abstraites,’ ait supprimé tous les reliefs inopportuns, et par conséquent tous les hiatus rationnellement infranchissables ? D’une qualité ou d’une synthèse de qualités à a une autre, il reste, un vide ; on essaie de le combler par des transitions quantitatives, mais il se entre les termes, de transition. Le nombre .n’est-il pas toujours discret ? En vain aussi essaie-t-on de substituer la clarté du monde physique à l’obscurité ` du monde psychique, le monde physique lui-même est affecté d’obscurité. Il suffît qu’il y ait conscience en lui, pour qu’il ne soit pas tout en dehors, tout en surface, tout en relation claire. Bref, on figurerait ainsi avec quelque exactitude la marche de la dialectique · partant ’du carré, elle passe progressivement*, en emoussant les angles :qui s’offrent à elle, à un polygone d’un très grand nombre de côtés, cependant sans arriver à la circonférence. Maisce qu’elle laisse ̃ d’irréduit, n’est-ce pas irréductible ? Pourrait-elle pousser plus loin son artifice sans supprimer en même temps son objet et se détruire elle-même ? Est-ce qu’une sorte de contradiction s’attache pas à son oeuvre aussitôt qu’elle dépasse certaines limites ? Quoi qu’il en soit, que nous voilà loin de la conscience primitive ! Pour étendre la connaissance, pour la rendre abondante et rapide, la dialectique l’a progressivement’ évidée. La vie intellectuelle est devenue presque une pure forme. Elle n’a plus de signification, plus de portée, hors d’elle-même, et elle n’embrasse que des objets sans contenu. La différenciation factice à laquelle nous avons constam- A ment travaillé, cette multiplication incessante des groupes et des ’• séries, nous a rapprochés, on définitive, de l’uniformité. C’est bien s l’idéal de la vérité scientifique, mais c’est l’opposé de la vérité de ’/r fait. Si donc la réalité donnée dans la conscience nous lient à cœur, qu’avons-nous à faire ? User de modération dans notre dialectique ? Revenir partiellement en arrière ? Ce serait la plus niauvaise solution. Tour à tour tenir compte et ne pas tenir compte de l’œuvre de science ? Ce serait mieux. Toutefois, nous avons déjà dit qu’on ne ̃ doit pas en rester là. Il n’est que juste de donner aux cléments éliminés l’importance ,qu’ils ont en réalité, et pour cela il importe