Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée

3S6 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

tiques. M. Bergson accepte bien en un sens ce résultat extrême de la critique idéaliste, car il repousse énergiquement toute existence de choses qui ne seraient pas des images.’Mais tandis qu’au regard dès philosophes cette identité des choses et des images fait participer les choses de l’intériorité, d’abord admise ou supposée, des images, pour M. Bergson, elle fait participer les images dé l’extériorité des choses ; -les choses-images sont donc antérieures à la perception ; elles existent et sont reprêsentables avant d’être représentées. Il reste donc à déterminer dans quelles conditions notre perception du réel se produit, c’est-à-dire au fond, puisque l’existence des objets perçus est la condition première sans laquelle notre perception ne se produirait pas, à expliquer pourquoi notre perception fait partie de nous-mêmes comme des choses. Suivant une méthode que nous verrons s’étendre de plus en plus par analogie, M. Bergson intervertit l’ordre ordinaire des termes du problème. La perception, dit-on habituellement, est d’abord un acte subjectif, et ce qu’il faut rechercher, c’est comment cet acte, soit par un mécanisme mental, soit en vertu des lois de la pensée, donne à ce qu’il comprend l’apparence ou la réalité d’un objet ; la perception, nous dit M. Bergson, est d’abord un acte objectif par lequel nous nous plaçons d’emblée dans les choses, et ce qu’il faut rechercher, c’est comment cet acte revêt des formes intérieures et subjectives. Mais l’explication que poursuit M. Bergson serait à ses yeux défectueuse, si elle devait établir entre ces deux moments de la perception un rapport purement logique, construit ou imaginé par l’intelligence. C’est en recourant à des relations de ce genre que les doctrines philosophiques ont manifesté leur impuissance. Il est nécessaire et il est possible de saisir sur le fait la transition de ce qu’on pourrait appeler la perception impersonnelle à la perception personnelle il suffit pour cela d’écarter le préjugé, commun aux diverses écoles, en vertu duquel la perception aurait un caractère spéculatif,, serait proprement une connaissance. Or si la perception, en tant que nôtre, est relative à notre corps, elle "participe tout naturellement de la fonction que le corps doit remplir ; elle doit servir à préparer l’action. Au fait, ce que nous percevons des choses, c’est ce qui intéresse ou peut intéresser notre activité les objets se présentent à nous dans la mesure où ils peuvent recevoir de nous quelque influence ; l’étendue de la perception dépend de l’intensité de l’action dont l’être vivant dispose. Et la perception doit être consciente,