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333 e~, REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

rapports et accords insoupçonnés, et élargit notre pensée, l’enrichit au moyen de ce qui paraissait d’abord devoir la mutiler ou la détruire ? Ainsi la partie n’est jamais perdue, pour la réalisation de notre âme selon elle-même, quelque puissant appui que prêtent à sa mécanisation nos certitudes particulières à l’état subconscient. Et il n’en peut être autrement. Celles-ci n’ont et ce caractère de certitudes et cet effet que par notre complicité et notre négligente complaisance à leur attribuer et ce caractère et cet effet. Elles se revêtent, grâce à l’attention distraite et comme dédaigneuse que nous accordons à notre vie intérieure, du pouvoir emprunté d’imprimer à notre âme une direction déterminée et fixe, et à lui interdire, pro tanto, les autres, alors que rien dans la nature propre d’un être non-physique ne nécessite ni même ne permet une telle restriction de son activité. Si à un être physique (supposé qu’il en existe) une détermination fixe est par nature nécessaire, c’est en tant qu’il est purement spatial. Mais, de par son essence, un être qui n’existe que dans la durée ne peut se donner qu’une détermination mobile. Sans doute, si nous l’envisageons au point de vue logique, il possède, à chaque moment, une détermination exclusive de toute autre ; mais le point de vue logique est le point de vue abstrait, et, en soi, un · tel être n’a, normalement, qu’une détermination in passe, non une détermination in actu.

Ainsi, tant que l’on restreint son examen, comme nous l’avons fait jusqu’ici, à la sphère des « certitudes » particulières, aujourd’hui conscientes ou non, mais formées originairement avec conscience par l’individu dans sa vie réfléchie, on ne constate qu’une tendance vers’ l’anormalité, qu’il est encore en notre pouvoir de faire avorter, et non un passage décisif à Fanormalité.

III

Ce passage semble décisivement effectué dans ces certitudes subconscientes d’un genre particulier que nous logeons au plus profond de nous-mêmes, et que nous ne parvenons pas, lors même que nous en prenons conscience, à rattacher à notre travail mental vraiment personnel comme leur cause déterminante. Celles-ci ne sont plus particulières dans leur contenu elles sont générales. Nous voulons parler des idéaux psychologiques, quî’ont une influence capitale sur la position des problèmes et sur leurs solutions. Il ne serait sans