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J.^J.’ GOURD. – LES TROIS DIALECTIQUES. 289.

Rev. Meta. T. V. 1897. 19

s’explique la peine que nous éprouvons à nous dégager de leur tyrannie. Notre pensée n’y est à ce point soumise que parce qu’elle en trouve le fondement dans le monde donné. Et puis, parmi les catégories d’incoordonnés il en est qui précèdent nécessairement la dialectique. Faudrait-il donc les attribuer aune autre dialectique antérieure à la dialectique proprement dite ? Cependant cette dia- j lectique supposée devrait, d’après l’esprit de l’hypothèse que nous J discutons, être encore une coordination. Et l’on se demande comment une coordination aurait pu produire ce qui, par essence, doit précéder non seulement une coordination déterminée, mais toute coordination. En fin de compte, les incoordonnés seraient-ils des suppositions, ou des postulats de la dialectique ? Mais pourquoi celle-ci les supposerait-elle, les postulerait-elle ? Pourquoi aurait-elle besoin d’un élément d’illusion, si elle n’est pas illusion elle-même ?. Ceci nous amène à une nouvelle considération.’

Si l’on peut douter de l’incoordonnable du dehors, en tout cas .on J ne peut douter de l’incoordonnàble du dedans. Du côté pratique comme du côté théorique, l’ennemi reste dans la place. La dialectique n’a ni le pouvoir ni le droit de l’expulser définitivement. Au J delà de certaines limites, elle reviendrait sur elle-même, ou bien elle détruirait son objet. Nous l’avons déjà remarqué à .plusieurs reprises, mais il importe en ce moment d’y insister. – Prenons ] pour exemple la coordination causale. Comme nous serions tentés d’y soumettre sans réserve la réalité ! Quelle peine n’avons-nous, pas à reconnaître la possibilité d’un élément sans antécédent ou coexistant nécessaire, d’un élément indéterminé, inconditionné, par con- > séquent nouveau ! Cela se comprend ; la science, disons-le encore une fois, n’offre pas seulement un secours, elle nous tient aussi en esclavage. La catégorie de causalité, en particulier, est si étroitement unie à notre vie intellectuelle, et exprime la réalité à une telle profondeur, qu’avec la. meilleure volonté on ne réussit pas à s’y soustraire, même partiellement. Et cependant, dès que vous niez l’élément d’indétermination causale, vous rendez la détermination causale elle-même impossible. Si chaque fait s’explique entièrement par- ses antécédents et ses coexistants, s’il n’y a en lui rien de nouveau, rien d’indépendant, rien qui n’ait été préparé par d’autres ou contenu en d’autres, c’est qu’en réalité il ne se distingue point des autres. Dira-t-on que, résultant d’une rencontre de causes, il doit différer de chaque cause ?Mais, au point de vue phérioménist.e, il n’y a D~ nr..m. ’1" 1 ac6o AO 0