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22 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.


qui se produisent dans la coordination causale. La voici aussitôt élevée au-dessus des variabilités de l’expérience, et en possession d’une valeur universelle. Sur quoi se basait-on pour situer définitivement tel objet à côté de tel autre, dans le temps ou dans l’espace ? Sur des observations sérieuses, sans doute, mais restreintes, et qui

!g n’assuraient pas l’avenir. La coordination causale ne devient vraiment 

nécessaire que si on la déduit des faits coordonnés. Il faut qu’on puisse dire étant donnée la nature de tels objets, ils devront se produire toujours ensemble. Or cette déduction nous est maintenant permise. L’abstraction n’a-t-elle pas dégagé l’unité de nature des objets, et, d’autre part, n’y a-t-il pas une étroite parenté entre cette unité de nature et le lien causal ? Serait-il possible que’deux g[ choses foncièrement différentes fussent irrévocablement attachées l’une à l’autre ? Sans doute le terme cause et le terme effet doivent se distinguer, mais justement parce qu’ils ne peuvent être entièrement cause et effet, ainsi que nous le verrons plus tard ; ce n’est que dans la mesure où ils se ressemblent qu’on est autorisé à les lier causalement. Allons plus loin. Nous avons eu l’occasion de rappeler que l’élément de ressemblance, après la disparition de l’élément différentiel, persiste dans la conscience comme base de nouveaux faits. r Mais n’est-ce pas dire que l’élément de ressemblance passe d’un fait à l’autre comme partie intégrante, et que ce qui constitue partiellement le second se trouvait déjà dans le premier ? Des lors, il devient évident qu’aucun d’eux ne pourrait prendre une autre place que > celle où il se trouve. Le fait B, ayant un élément qui était dans le fait A, dépend nécessairement de A dans la mesure où cet élément les constitue l’un et l’autre. En sens inverse, le fait A, ayant un élément qui doit’ persister dans B, est nécessairement la cause de B. Donc, ou bien les choses changeront radicalement de nature, ou bien leur coordination causale, une fois établie, restera vraie. Plus assurée, la coordination causale devient aussi plus étendue ! «  Elle se déroule dans une nouvelle sphère. Ce qu’on a appelé le problème des essences se pose tout naturellement. Une fois les termes concrets ramenés à des unités qualitatives, il s’agit de rapprocher les unes des autres ces unités, et d’en chercher la dépendance exacte. D’une part, il faut s’élever d’unité en unité, d’unité plus large en unité plus large, jusqu’à l’unité suprême ; d’autre part, il faut descendre par voie de synthèse, selon le procédé de substitution précédemment rappelé, à des équivalents