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H. DAGAN. Un aspect de la dépopulation..231

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tiens suivies des mêmes insuccès. M. Bernard, député du Doubs, déposait en 1885 une proposition de loi tendant à mettre en vigueur" la loi du 29 nivôse an XIII (19 janvier 1805) Tout père de famille de sept enfants avait le droit d’en faire élever un aux frais de l’État.

francs furent votés. Mais on avait mal calculé. Aussitôt une 

avalanche de réclamations effraya la commission du budget, qui fut obligée d’enrayer le mouvement. M. Arthur Chervin, constatant l’impuissance du législateur pour pousser à la propagation de l’espèce, dit qu’il faut se rattraper sur la mortalité. « II faut tout faire, écrit-il, pour économiser la vie humaine que nous avons aux médecins de travailler au développement de l’hygiène publique, aux administrations publiques, aux administrateurs d’organiser l’Assistance publique surtout dans les campagnes, etc. »

On voit que si le Dr A. Chervin se rend parfaitement compte de l’inutilité de l’intervention des lois fiscales, il n’apparaît pas qu’il se ̃’ i rende compte exactement de certains facteurs de la mortalité. En effet la vérité nous oblige à constater que dans les populations vouées à la grande industrie on rencontre la moyenne de vie la plus courte. Sans parler des effets de l’industrie du plomb, du cuivre, de la fonte et d’une foule de métaux sur certaines catégories de travailleurs, écoutons ce que disait M. Chamberlain, maire de Birmingham, dans son discours d’ouverture à l’occasion de la Conférence sur les réformes sanitaires (15 janvier 1875) « Comme l’a constaté le docteur Lee, l’officier de santé pour Manchester, la durée, moyenne de la vie est i Manchester de trente-huit années pour la classe aisée et de dix-sept années seulement pour la classe ouvrière, tandis qu’à Liverpool elle est de trente-cinq années pour la première et de quinze pour la seconde. Il s’ensuit que la classe privilégiée tient une assignation sur la vie de plus- de deux fois, la valeur de celle qui échoit aux citoyens moins favorisés. » Cette proportion n’est pas sensiblement différente dans les autres pays. ç La thèse soutenue par M. Paul Leroy-Beaulieu prête le flanc à des critiques sérieuses. Il a publié dans l’Économiste français une longue étude sur la dépopulation ; elle renferme des chiffres, des documents et des aperçus instructifs ; mais son point de vue demeure très attaquable. Cependant M. Leroy-Beaulieu constate avec justesse que l’état démographique de la France inflige un démenti flagrant au prétendu principe de population de Malthus « Les naissances sont peu nombreuses, dit-il, la population enfantine.