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L. coutùrat. – Sur l’hypothèse des atomes. 229

l’infinité de la n ature. Et s’il est permis de conclure du monde phénoménal à un monde nouménal qui en serait le fondement objectif. on est en droit de présumer que la réalité absolue, devant enfermer une infinité actuelle de déterminations, est réfractaire au schèmè du nombre et même à la catégorie de quantité, et ne trouve que dans le ̃’ continu un symbole adéquat. De la continuité de l’espace on croit pouvoir conclure « la richesse infinie, la diffusion sans bornes et la répétition., dans le champ de l’existence, d’un réel à ce point divers et composé, que le moindre reflet qui s’en projette en nous, que la plus légère impression qu’il y fasse enveloppe à l’infini des éléments de ce reflet et de cette impression (p. 270) » ; et l’on ajoute encore « D’unité absolue sans multiplicité, ou de pluralité également absolue sans rapports ni relations entre les choses multiples, la divisibilité et la continuité de l’Espace suffisent pour empêcher qu’il puisse être question (p. 271). »Toutes ces considérations trans- 1 cendantes conduisent logiquement à attribuer à la réalité, sinon la continuité intuitive de l’espace, du moins une sorte de continuité métaphysique, synthèse de l’unité et de la multiplicité également essentielles de l’Être, et qui serait le fondement réel de la continuité spatiale, comme Vininterruption du changement réel est le fonde- j ment de la continuité du Temps. Pourquoi donc concevoir la réalité comme une pluralité discrète d’individus, au lieu d’admettre l’unité ’H de l’être sous la multiplicité infinie et continue de ses modifications ? 5 En un mot, nous ne voyons pas de raison suffisante pour que la ’3 métaphysique de M. Hannequin soit un monadisme plutôt qu’un panthéisme, et même nous croyons trouver dans les principes de son système des raisons contraires. a t !

Cette raison, que nous cherchons en vain dans la critique des formes de la sensibilité, se trouve dans la critique des formes de l’entendement, et notamment de la causalité. En effet, pour que, malgré l’argument de Sextus Empiricus, la cause reste distincte de son effet, il faut qu’elle en diffère substantiellement ; et pour que l’effet n’épuise pas l’activité de sa cause et puisse devenir cause à son tour, il faut qu’il soit dû à la coopération d’agents indépendants. L’analyse de la causalité oblige à en chercher le fondement objectif dans l’action réciproque d’êtres réellement distincts, d’indi-