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226 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

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en soi, comme lieu de rencontre et de contact entre elles et l’esprit (p. 266). Puisqu’il faut que la réalité se soumette aux conditions de la représentation, les formes de la sensibilité prennent un sens réel et une portée transcendante, au moins à titre symbolique, car elles expriment à leur manière l’ordre et la constitution des choses. On transporte ainsi dans la réalité absolue la multiplicité et la succession qui caractérisent le monde des phénomènes, et qui sont l’essence de l’espace et du temps. Au fond, on réalise l’espace et le temps eux-mêmes, en les dépouillant seulement de leur continuité, que l’on considère comme un attribut intuitif et sensible, partant subjectif. La durée réelle, lieu d’un changement ininterrompu, est au temps ce que la multiplicité des choses est à l’espace un prototype et un fondement intelligible.

Cette théorie assez hardie a du moins l’avantage de fonder l’objectivité de la Géométrie et de la Mécanique, et d’expliquer comment il se fait que les phénomènes se soumettent aux lois mathématiques conçues a priori. Elle permet à l’auteur de résoudre cette question1

!!L Comment les mêmes lois peuvent-elles s’appliquer à l’Espace abstrait, 

objet d’intuition pure, et à l’Espace concret, c’est-à-dire au monde sensible, donné dans l’intuition empirique ? Pourquoi, en d’autres termes, les propositions que je découvre et que je démontre sur le triangle idéal que je construis a priori sont-elles encore vraies des triangles matériels connus par expérience ? Cela ne peut se com-I prendre, selon notre auteur, qu’en admettant que les choses en soi, tout en étant hors de l’Espace, collaborent pourtant à la perception qui nous les représente dans l’espace, et qui leur assigne une grandeur et une position. Que toutes choses nous- apparaissent nécessairement étendues et figurées, cela s’explique par la conception de l’espace comme forme a priori de la sensibilité mais que telle chose revête dans notre intuition empirique telle étendue et telle figure particulièrr3s, cela rie peut plus s’expliquer par la nature du sujet seul ; il faut admettre que la chose en soi coopère à l’œuvre de la perception et concourt à déterminer la figure sensible sous laquelle elle nous apparaît.

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Toute cette théorie est assurément ingénieuse et profonde, et il faut reconnaître qu’elle complète, sur un point assez obscur, l’esthé-i. Livre Il, eh. m, § III.