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ii : 214 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

ne parle-t-il pas de la logique implicite de nos sentiments’ ? On peut inversement admettre, comme Herbart, que les sentiments sont en eux-mêmes des idées1, tout en admettant que leur mode d’action est mécanique. Spinoza est à la fois intellectualiste comme l’est M. Ribot, puisqu’il admet la finalité interne, et intellectualiste au sens de Herbart : car le sentiment est pour lui l’idée même (expression du corps à vrai dire) considérée comme force {.

L’étrange estqueM. Ribot, qui croit les idées si inefficaces, attribue tant de puissance aux philosophes. Ils ont caché aux hommes cette vérité de la toute-puissance des instincts que la nature leur crie de toute ses forces ! La foi se forge ainsi des fantômes que tour à tour elle craint ou méprise.

Il nous a semblé même que dans son ardeur combattive M. Ribot méconnaissait ses alliés. Nous l’avons vu déjà, M. Ribot parfois est intellectualiste sans le savoir. Ainsi encore il réfute la théorie de Strong qui assimile le plaisir ou la peine à une sensation l. Or cette théorie signifie précisément que le plaisir est un état spécial irréductible, qu’il y a un plaisir comme il ’y a une sensation de rouge, de même qu’il y a selon M. Ribot un type affectif aussi bien qu’un type sensitif ou imaginatif. C’est donc précisément la théorie de M. Ribot que M. Ribot réfute. Le mot sensation (fait intellectuel) l’a trompé ; et il a vu rouge.

Une phrase de Léon Dumont exprime bien cette attitude de dévotion et d’amour compréhensif à l’égard de tout ce qui a comme un relent scientifique, attitude qui fut, dans la période héroïque de la .psycho-physiologie, celle du psychologue positif. Dumont rapproche dans un même culte comme équivalentes, et indifféremment applicables à la psychologie toutes les hypothèses utilisées dans les sciences positives, la théorie mécanique de l’énergie par exemple et la théorie · de l’évolution fondée sur l’existence d’un besoin, et qui ne peut se passer du concept de finalité n’ont-elles pas comme un air de parenté ? La science ne les couvre-t-elle pas toutes de son aile ? « Nous •croyons qu’elles (nos théories) doivent s’imposer. à tous ceux qui acceptent la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle, la réduction du moi à une série de sensations élémentaires, la théorie de f ’équivalence des forces, la transformation et la conservation de l’énergie, l’identité de la sensation et du mouvement, la sensibilité dans les

̃’̃ 1. Voir Psych. Rev., juillet 1896 ; sept. nov. 189o ; janv. 1896 ; Ribot, p. 38.