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178 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

c’est-à-dire d’une méthode qui, au lieu d’imposer les lois aux faits, demande aux faits les lois. Si la méthode est empirique, si la vérité n’est que l’expression des faits, si la loi n’est que le fait généralisé, n’est-ce pas faire sortir des prémisses une conclusion qui les nie que de poser le déterminisme absolu comme principe de cette méthode et de cette vérité ? Le déterminisme n’est la condition de la science que si l’on suppose que notre science relative doit avoir son principe dans une science absolue qui la rend possible. Mais cette science absolue n’est plus la science positive, elle est une métaphysique qu’on n’a pas le droit de confondre avec la science elle-même. Dira-t-on qu’il y a des sciences déductives, que la science empirique elle-même tend à s’y ramener et à en prendre la forme par ses progrès, qu’ainsi au terme on retrouverait l’enchaînement nécessaire et la continuité. II faut distinguer ou les sciences déductives sont des sciences de l’abstrait qui ne nous apprennent pas ce qu’est la réalité, ou elles ne font que traduire en un langage précis des vérités générales qui, établies par l’expérience, ne perdent pas en se formulant déductivement le caractère relatif qu’elles doivent à leur origine empirique.

C’est un fait curieux que les nouveaux défenseurs de la liberté prennent leur point de départ dans les objections qu’on lui oppose. L’argument par la conscience semble abandonné le sentiment vif interne est un fait auquel on rend une valeur indirectement, en réfutant les théories qui le contredisent. Le mouvement en faveur de la liberté s’achève par un retour à la vieille preuve tant de fois donnée, tant de fois démentie, mais elle reparaît si bien transformée que les philosophes du sens commun auraient peine à la reconnaître .L’auteur des Données immédiates de la conscience ne fait pas appel aux postulats de la raison pratique ; il ne cherche pas la liberté au terme de raisonnements complexes sur la théorie de la connaissance, sur la méthode et les résultats de la science positive, il veut la montrer, non la démontrer, il la cherche dans la seule conscience, et il la trouve comme une de ses données immédiates, comme un fait premier qui se dégage irrécusable dès que sont dissipés les sophismes ou les illusions spontanées qui l’obscurcissent et le dissimulent. Il ne s’agit pas de preuves, de discussions, il s’agit d’un fait à constater, qui se révèlera de lui-même dès qu’on se sera mis en état de l’apercevoir ; nous revenons à l’analyse psychologique ; mais, en retrouvant les données immédiates de la conscience, nous