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ifi ISi REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

dépendance causale ? Il n’est plus question de chercher loin de nous, hors. de nos prises, dans un objet déroutant nos calculs et trompant nos espérances, la valeur dont dépendent toutes les autres. Cette valeur est maintenant tout à fait à notre portée c’est la décision qui nous lie à l’objet moral, c’est notre bonne volonté. « Quand un sort. contraire ou l’avarice d’une nature marâtre priveraient cette volonté de tous les moyens d’exécuter ses, desseins, quand ses plus grands ! efforts n’aboutiraient à rien, et quand il ne resterait que la bonne ! volonté toute seule, elle brillerait encore de son propre éclat eommei une pierre précieuse, car elle tire d’elle-même toute sa valeur. »j Une fois la décision prise, il ne s’agit plus que d’aller de l’avant. Dans ce sens seulement la coordination reste inachevée. De même que la science, au moment du phénoménisme, la morale, au moment de l’obligation, comporte des progressions, et non des régressions. Au point de vue de la dépendance hiérarchique, même avantage. Nous échappons maintenant au mouvement sans fin qui nous emportait de perfection plus haute en perfection plus haute, car le bien suprême reste, par la conclusion même de la dialectique, la soumission de la volonté à la loi. L’objet moral peut s’enrichir encore de déterminations nouvelles, mais qu’importe ? Le type de la moralité est désormais invariable c’est la volonté ’fidèle, c’est la bonne volonté. Et comme cette bonne volonté ne reste pas isolée dans la vie, comme elle rayonne sur nos événements et sur notre conduite, comme elle communique à nos actions quelque chose de sa nature, on peut bien dire que la coordination pratique atteint ici à la fois son plus large et son plus intime développement. Ne laisse-t-elle donc rien qui la gêne encore ? – Avant de répondre, disons une dernière fois ce qu’elle a écarté. Au point de départ, la réaction volontaire s’absorbait dans le plaisir, dans un. plaisir spontané comme elle, sans altération comme elle, se suffisant à soi-même comme elle la morale du bonheur est venue, et a introduit la chaîne, la série durable, et en même temps les réactions et les tyrannies du voisinage. Mais, quoique émoussé, c’était encore le plaisir proprement dit, le ’plaisir pur, qui restait le but de la dialectique la morale du bien n’a conservé qu’un plaisir réfracté il. travers ses conditions, mêle d’intelligibilité, un plaisir en quelque sorte rationalisé, vers lequel ne peuvent se porter vivement que les artistes, les savants ou les philosophes. 11 fallait donc, ou reveni r en arrière, ou poursuivre l’œuvre d’élimination. C’est ce dernier