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142 HEVOE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

n’en coQsidèc^^îusjjueJej^cOTditions. – On voit que nous n’employons pas ici le mot « bien » au sens large de moralité en général, comme le langage ordinaire nous a déjà invité à le faire. On voit aussi que nous le distinguons du bonheur, contrairement à certaines habitudes de l’antiquité, et même de notre temps. Ce passage du bonheur au bien s’impose. La nature du plaisir, avonsnous vu, arrête le mouvement de coordination. Donc il est judicieux de lui chercher un équivalent plus favorable. C’est ainsi qu’on a substitué à l’objet concret de la scieace un objet formé d’unités abstraites combinées. Seulement, ici, ce n’est pas l’abstraction qui pourraitnous servir. La substitution des conditions du plaisir au plaisir luimême paraît préférable. Déjà, il est vrai, la morale du bonheur a eu recours à ce procédé ; mais, gênée par son principe fondamental, elleû’a pu en tirer qu’un parti restreint. Il faut procéder avec pluss de décision ; il faut consentir à mettre le plaisir à l’arïière-plan ; il, faut transporter résolument sur ses conditions le but de la volonté.) De telle sorte que nous n’ayons. plus à nous soucier d’une correspondance toujours incertaine, et qu’il nous suffise de l’avoir établie en sa généralité une fois pour toutes.

Mais encore faut-il que les conditions du plaisir répondent aux exigences de îa dialectique. Doit-on les retenir toutes ? Non, ôvidem- J ment, car la nature du bien manquerait d’homogénéité. Sur les- { quelles devra donc se porter notre choix ? La question semble embarrassante, et laisse entrevoir la possibilité de plusieurs morales du bien..Toutefois, il suffira de ne pas perdre de vue les résultats déjà obtenus. – D’abord, il faudra nous en tenir aux conditions d’où dépendent, d’âpres nos évaluations précédentes, les plaisirs les plus largement séries. J’entends les conditions qui, d’une part, sont elles-mêmes sériées, et, d’autre part, sont faciles à obtenir. De préférence, nous nous attacherons aux conditions intérieures, et surtout à celles qui sont dues à la collaboration do l’agent moral. Il faudra également nous en tenir aux conditions qui, d’une part, diminuent l’importance des termes individuels, et, d’autre part, permettent des évaluations précises. Voilà qui assure suffisamment la marche de la dialectique. Par exemple, on voit aussitôt qu’elle ne peut s’arrêter à la morale de la vie. C’est pourtant une forme authentique de la morale du bien, et qui marque un progrès sensible sur la morale du bonheur. En somme, il n’est pas étonnant qu’elle soit recommandée par de nombreux philosophes. Cependant, elle ne