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106 KEVCE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE ÏIOEALE.

pouvons reconnaître la nécessité du pythagorisme, puisque pour nous le continu est intelligible par lui-même, ni par suite celle de l’atomisme, qu’on essaie d’en dériver. Or, si une déduction mathématique de l’atomisme peut seule permettre d’affirmer qu’il est une hypothèse nécessaire, fondée sur la nature même de notre connaissance, il semble bien que sa nécessité ne puisse pas être établie. Dès lors, on ne peut en tirer aucune conséquence touchant la valeur de la science, ni imputer à celle-ci, comme un vice originel et incurable, les contradictions inhérentes à cette hypothèse contingente et précaire.

Resterait à savoir si l’atomisme est vraiment contradictoire, et si les contradictions qu’on lui impute sont insolubles pour la science, de sorte qu’on soit obligé de s’adresser à la Métaphysique pour les résoudre. A vrai dire, nous ne le pensons pas. La première, celle de l’atome étendu, ou de l’indivisible divisible, se résout aisément en concevant l’atome comme inétendu. La seule raison pour laquelle M. Hannequin croit l’étendue nécessaire à l’atome est celle-ci <> il faut qu’it soit volume pour être masse (p. 90). » Or si cela est vrai des corps de dimensions sensibles, cela peut être faux des éléments imperceptibles qui composent ces corps. Il n’y a aucune nécessité, a -priori, pour que la masse occupe une étendue quelconque, et il n’y a aucune difficulté à concevoir des points matériels comme doués d’une masse finie. Ainsi, lors même que la Mécanique postulerait, des éléments matériels de masse finie (ce que nous contestons), il ne s’ensuivrait pas qu’elle exige des éléments de volume fini, ni par conséquent des atomes étendus.

La deuxième contradiction qu’on a relevée entre l’élasticité parfaite de l’atome et sa simplicité (insécabilité, impénétrabilité) se résoudrait de la même manière, en concevant l’atome inétendu comme le centre d’une force fonction de la distance. Nous avons vu qu’il n’y a pas de raison pour préférer le choc à l’action à distance comme moyen d’expliquer la transmission du mouvement, et qu’au contraire le choc, selon les idées des mécaniciens modernes, doit être conçu comme un cas particulier d’action à distance. Dès lors,, il n’y a plus lieu de concevoir grossièrement l’élasticité de l’atome sur le modèle de l’élasticité des corps solides composés, puisque, comme l’a fort bien montré Lasswitz, celle-ci a pour fou-