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VARIÉTÉS


L’INFLUENCE

DE LA PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE

SUR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE[1]


Que Descartes se soit fait lire d’un nombreux public, qu’il ait excité de chaudes admirations en dehors du petit monde des philosophes et des savants, cela ne fait de doute pour personne. Trop de témoignages nous attestent la renommée que l’invention d’une philosophie nouvelle lui valut en son temps. Balzac daigne se mettre pour lui en frais d’esprit et d’éloquence ; Chapelain estime ses pensées sublimes. Son nom représente pour Pascal toute la philosophie moderne, et il est le seul dont le théologien Bossuet propose les doctrines à côté des doctrines thomistes dans son traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même. De purs lettrés, des poètes, des femmes, Boileau, La Bruyère, La Fontaine, Mme de Grignan, le lisent, le goûtent, le comprennent.

Mais il ne s’agit pas ici de la gloire de Descartes nous voulons savoir quelle a été son influence, et comme sa pénétration dans les esprits, s’il a marqué de son empreinte originale et personnelle la littérature de son temps et du temps qui l’a suivi. Et de cela, les témoignages d’admiration ou d’enthousiasme qu’on peut recueillir

  1. Il sera pas inutile de dire, pour l’intelligence de cette étude, que l’interprétation de la philosophie cartésienne à laquelle se rattachent la plupart des vues que l’on trouvera ici ; est en général celle qu’a présentée M. L. Liard dans son Descartes (Paris, G. Baillière et Cie, 1882, in-8o).