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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

des anciens sont défectueuses qu’en ce qu’ils ont écrit des passions. Ce qu’ils en ont enseigné est si peu de chose, et pour la plupart si peu croyable, que je ne puis avoir aucune espérance d’approcher de la vérité qu’en m’éloignant des chemins qu’ils ont suivis. C’est pourquoi je serai obligé d’écrire ici en même façon que si je traitais d’une matière que personne avant moi n’eût touchée. » – Si on songe que la conception cartésienne des passions, en supprimant la distinction de l’âme sensitive et de l’âme raisonnable, en considérant les passions comme de pures idées et en établissant leurs rapports avec les mouvements du corps, a permis d’en parler comme on traite « des lignes, des plans et des solides », que par suite elle contient en germe toute l’Éthique et que sans elle l’Éthique n’eût probablement pas existé, on conviendra sans doute qu’elle n’est pas un des moindres titres de gloire du grand philosophe du xviie siècle.


Victor Brochard,
Professeur d’histoire de la philosophie ancienne
à la Sorbonne.