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E. BATAILLON : – • LOUIS PASTEBR. -33

me propose de démontrer crue si. au moment du DérilsiiDrême. tome iv. – 1896.. 3 ̃’ ̃ J :3

« Je me propose de démontrer que si, au moment du périlsuprême, la France n’a pas trouvé des hommes supérieurs pour mettre en œuvre ses ressources et le courage de ses enfants, il faut l’attribuer, j’en ai la conviction) à ce que la France s’est désintéressée depuis un demi-siècle des grands travaux de la pensée, particulièrement dans les sciences exactes. » .•"

Toute la vie scientifique de Pasteur, c’est le plein épanouissement -t de ces idées de liberté et de patrie dont il parlait dans son discours d’Arbois. Ajoutons, car il faut « respecter les grandes consolations qui viennent du cœur », l’idée de Dieu, cette idée d’infini pour laquelle il trouvait de si beaux accents dans son discours de réception à l’Académie.

« 0 ma. patrie ! toi qui as tenu si longtemps le sceptre de la pensée, pourquoi t’être désintéressée de ses plus nobles créations ? Elles sont le flambeau divin qui illumine le monde, la source vive de tous les grands sentiments, le contre-poids à l’entraînement vers les jouissances matérielles. »

Ces paroles amères prononcées en 1871, Pasteur. mourant pouvait les remplacer par un cri de triomphe. Après avoir vu l’univers soulevé par les efforts de son génie, après avoir vu l’Institut Pasteur fondé par souscription nationale, après avoir vu les savants du monde entier se presser à l’apothéose de son jubilé, Pasteur mesurant son rôle dans la réhabilitation de la patrie par la science, pouvait répondre avec un légitime orgueil à cette question qu’il recoin ? mandait en 1893 à l’attention des jeunes gens « Qu’ai-je fait pour mon pays ? »

E. Bataillon,

• Chargé de cours à la Faculté des sciences de Dijon.