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De l’examen rapide qui vient d’être fait, il résulte, en définitive, ce que je ne me lasserai jamais d’établir, que, comme tous les autres produits phonétiques naturels et spontanés d’organismes humains, le basque peut et doit être constamment traité par les procédés scientifiques de la méthode positive. En particulier, il me paraît sage de regarder la conjugaison périphrastique comme un composé tardif ; certaines formes, contractées véritablement celles-là, telles que jankot pour janko dut (Puente la Reina) „je le mangerai“ ou emateinat pour ematen dainat (labourdin) „je te le donne, ô femme“ sont, par suite, tout à fait les analogues de nos futurs romans, p. ex. aimerons pour aimer avons. On est ainsi amené à regarder les deux auxiliaires, d’une part, et les diverses autres formes verbales non périphrastiques en usage de l’autre, comme les débris, les restes d’un système primitivement général. C’est là, à mon avis, la théorie réellement scientifique, soutenue par des hommes de valeur et par des philologues de mérite, Oihenart, Humboldt, Mahn, Fr. Ribáry, Van Eijs ; l’étude de M. Ribáry (dans les Nyelvtudományi közlemények, de Pest, V, p. 37 et 436) est l’essai analytique le plus précis qui ait encore été publié, mais les documents insuffisants et incomplets qu’avait à sa disposition l’auteur de cet intéressant travail lui ont fait commettre un certain nombre d’erreurs plus ou moins graves.

Les autres théories relatives au verbe basque et à l’escuara en général ne s’appuient pas sur les principes sévères de notre rigoureuse discipline. Il convient donc de ne les regarder, quel que soit le mérite personnel de leurs auteurs, que comme des hypothèses hardies et ingénieuses ; mais il n’est pas possible de leur accorder une valeur scientifique et il faut impitoyablement les