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possèdent la conjugaison objective et la conjugaison attributive [1], qui ont le duel et qui enfin, comme les ougriens ou les syro-arabes, ont les suffixes pronominaux dont aucune trace ne se retrouve en basque ? Il est vrai qu’en revanche on peut citer les langues dravidiennes parmi les plus pauvres de celles de la seconde catégorie : elles n’ont aucune des formes auxquelles je viens de faire allusion et leur verbe a seulement trois temps, un mode (l’indicatif), deux nombres et trois personnes. Ces idiomes sont pourtant supérieurs (si c’est vraiment une supériorité) au basque en un point, la facilité avec laquelle les suffixes nominaux et verbaux s’échangent et celle avec laquelle ils se réunissent ; c’est dans les vieux poèmes tamouls qu’on lit des formes telles que sârndâykku) „à toi qui es arrivé“, formé de sârndây „tu es arrivé" et ku „à“ ; manattinênukku „à moi qui ai l’esprit“ de manattin, dérivé-adjectif de manam (sk. manas), ên suffixe pronominal, u euph. et ku.

Dans les travaux que l’on peut tenir comme sérieux, quatre théories ont été proposées sur le verbe basque. J’en ai exposé et critiqué deux d’une façon assez développée pour me dispenser d’y revenir. Celle de M. l’abbé Inchauspe pour qui le verbe basque est essentiellement périphrastique, et pour qui les deux auxiliaires ne sont que deux voix d’un même verbe idéal, sans radical phonétique, m’a particulièrement occupé (I, 385, 390 ; II, 241 ; IV, 67 ; V, 190). J’ai analysé tout récemment celle du prince L.-L. Bonaparte, en rendant compte de ses dernières publications basques (V, 190) : je tiens toutefois à rappeler qu’en dehors des formes de l’auxiliaire „avoir“ où je vois un radical verbal u (pour

  1. Il paraît même que certains de ces idiomes incorporent le nom au verbe. Mais c’est, je crois, un point à élucider et à éclaircir.