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— que les ordinaux n’étaient organiquement pas en ganes, mais en en : cf. heres « tiers » (herensuge « tiers-serpent, serpent à trois têtes »), lauren, laurden « quart » (laurembut, larumbut « samedi », c’est-à-dire « quart (de la lunaison) » ; amarren « dîme » ; — que la forme primitive le « trois » était probablement ker ; etc.

Le nom du samedi montre que le mois et l’année basques étaient lunaires ; du reste, « mois » se dit hilabethe, ilabete qui peut se traduire seulement « pleine lune ». Il est donc mauvais d’expliquer ilargi par « lumière morte » ; d’ailleurs, « soleil » se dit iluzki et on ne sait pas ce qu’il y aurait là de mort, et equzki avec equa « jour ». Ilargi me paraît être plutôt « clair de lune ». Le composant uzki prêterait à des étymologies extravagantes, car, dans le dialecte souletin, c’est le nom de la partie du corps dont le démon de Dante avait fait une trompette (immonde et fétide, ajoute Artaud de Montor). Un évêque de Bayonne prêchant un jour en basque, eut le malheur de prononcer uzkia pour iluzkia.

J. V.