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partie, sont des morceaux assez hasardés ; il y a même une strophe que M. l’abbé Dubarat a pu à bon droit qualifier d’infâme. C’est là qu’est le vers célèbre : « je ne voudrais pas être au paradis, s’il n’y avait pas de femmes ». Ce petit livre a été imprimé aux frais d’un ami de l’auteur, avocat au parlement de Bordeaux. La bonne société n’était donc point choquée de ces poésies et cela nous permet de constater à la fois et la tolérance générale et l’état des mœurs dans le pays.

Pierre de Lancre, Conseiller au Parlement de Bordeaux, a rendu compte, dans son ouvrage sur l’Inconstance des mauvais anges et démons, de la procédure qu’il a dirigée en 1609, en compagnie du Président d’Espaguet, contre les sorciers du Labourd. Il y représente les prêtres basques comme généralement peu recommandables : débauchés, joueurs, courant les marchés en compagnie de belles filles, entretenant des maîtresses dont ils avaient des enfants, etc., et en outre adonnés ardemment à la sorcellerie.

En 1643, dans son Gvero, le curé de Sare, Axular, insiste sur les péchés commis contre les sixième et neuvième commandements de Dieu commis par les hommes d’Église ; on a supprimé ces passages, dans une édition de 1864 maladroitement retouchée, mais les faits n’en subsistent pas moins.

À qui attribuer cette démoralisation ? De Lancre n’hésite pas à en chercher les causes dans la sorcellerie alors générale dans le Labourd ; le digne magistrat croit d’ailleurs que cette situation était le résultat indirect des missions catholiques en extrême-orient.