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« argent-par-de » (d’argent), mendi-ra-ño « montagne-(la)-à-jusque » (jusqu’à la montagne), tzaude ichil-ik-(a)n « restez silence-quelque (some)-dans » (tenez-vous tranquille), oihan-eta-ra-ko saku-a « bois-les-vers-pour sac-le » (le sac pour aller dans les bois), etc.[1].

Arrivés à ce point de notre étude, nous pouvons signaler les différences suivantes entre les flexions basques et les flexions indo-européennes. Les premières se distinguent beaucoup plus facilement du radical qui est en même temps le nominatif et l’accusatif ; elles semblent liées moins intimement au nom modifié. De plus, comme c’est le radical qui reçoit seul la marque du pluriel, on constate immédiatement leur identité au singulier et au pluriel, tandis qu’il serait difficile, sans de longues explications, de faire admettre à une personne étrangère à la science du langage que dominos ne différait primitivement de dominum que par l’addition d’un s final. Quelques-uns des suffixes basques ont un sens propre ; ainsi gabe, qui sert pour exprimer l’idée marquée en français par la préposition sans, signifie « manque, privation ». Ces suffixes semblent donc être des noms ; les flexions indo-européennes sont presque exclusivement pronominales. Enfin les terminatives basques peuvent s’ajouter aux formes verbales ; ex. : nint-zan-(e)ko « j’étais-pour » (pour quand j’étais), zen-(e)z « il était-par » (s’il était), etc.

Nous allons examiner maintenant si le procédé du basque ressemble davantage à celui des langues non indo-européennes, ou s’il en diffère plus gravement.

Le chinois forme ses cas au moyen de particules, c’est-

  1. Il est difficile de trouver, en français, une préposition qui corresponde exactement à chacun des suffixes basques. Plusieurs de ceux-ci, notamment ko, doivent être rendus en français de plusieurs manières très différentes.