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Remarquons que les langues romanes, par l’unité de formation du futur et du conditionnel, se rapprochent du sanscrit (dans le nombre, nous comprendrons le latin avec dixero et dixerim). Dans les langues germaniques, la formation des deux temps est identique, mais elle s’écarte des langues romanes en ce qu’elle est analytique et que l’auxiliaire est emprunté à l’idée de devenir ou d’intention (werde, will).

Les autres temps seront franchement analytiques et l’on peut dire ici que le verbe roman, pour toutes les branches, entre, en ce qui concerne l’actif, dans une voie nouvelle avec le slave et le germain. Avec ce dernier, il se sépare de tous les autres groupes de langues, par l’emploi de l’auxiliaire avoir.

Ce verbe est propre aux langues romanes et germaniques ; partout ailleurs, comme en latin, il n’a, avec ses équivalents, que le sens d’acquérir, tenir, et exceptionnellement seulement le sens de notre verbe avoir, au lieu duquel on emploie généralement le verbe être avec un cas d’attribution. En sanscrit, on supprime même complètement le verbe, et l’on dira, par exemple : « De lui le fils nommé… » pour : « Il avait un fils nommé… »

Une particularité des nouveaux temps composés, avec le verbe être comme avec le verbe avoir, commune aux romans, aux germains et aux slaves, c’est que le verbe auxiliaire se place en tête et devient mobile, de telle sorte que certains mots peuvent s’insérer entre l’auxiliaire et le participe, ce qui doit empêcher le retour à la synthèse.

Le moyen passif se sépare complètement en deux voix, comme par un dédoublement de la conjugaison ancienne :